(BFM Bourse) - La valorisation boursière du portefeuille coté de l'État français s'établissait, fin juin dernier, à 52,3 milliards d'euros, soit un repli de 29,5% sur un an. Le secteur énergétique pèse désormais plus de la moitié des participations cotées de l'État.
L'État actionnaire n'échappe pas à la crise. Au plus bas depuis (au moins) 2005, la valorisation boursière des participations de l'État a nettement reculé sur un an pour s'établir à 52,3 milliards d'euros à fin juin, contre 72,8 milliards d'euros un an auparavant et... 148,8 milliards d'euros en septembre 2008 (record historique).
Si le dernier rapport publié en septembre indique qu'"avec 85 entreprises relevant de son périmètre, l'Agence des participations de l'État (APE) est présente dans des secteurs aussi différents que l’aéronautique, la défense, l’énergie, les transports, les services ou l’audiovisuel", seulement 11 de ces participations le sont dans des groupes cotés. Et deux secteurs se dégagent nettement puisque l'énergie pèse désormais 55% de l'ensemble de ce portefeuille coté (EDF pesant à lui seul plus de 40%), devant le secteur aéronautique/défense (26,1%).
"Au printemps 2020, la crise du Covid-19 et le confinement de la population française ont entraîné un arrêt temporaire de l'activité économique, avec les conséquences considérables et durables sur le bilan des entreprises du portefeuille", se justifie le directeur général de l'APE Martin Vial.
Beaucoup moins performant que le CAC 40
La composition du portefeuille coté de l'État explique en outre pourquoi, sur un an, celui-ci a enregistré une baisse (plus de) trois fois plus prononcée que celle du CAC 40 (-30,1% contre -9,2% pour l'échantillon principal du marché parisien, en termes de taux de rendement actionnarial, c'est-à-dire dividendes inclus). Parmi les valeurs au sein desquelles l'État français est actionnaire, seul la FDJ enregistre une performance positive sur la période (+21%), ou plus précisément depuis son introduction en Bourse fin novembre dernier. Dans l'autre sens, les replis sont compris entre 17,5% pour Engie et 59,1% pour Renault. Le plongeon de 25,9% d'EDF (où l'État est actionnaire à hauteur de 83,6%) a nettement contribué à la sous-performance du portefeuille étatique. La valeur des seuls titres détenus par l'État français au capital du géant de l'énergie a ainsi chuté de plus de 6 milliards d'euros sur la période.
Le secteur de l'aéronautique, où l'État est très présent (Airbus, Safran, Thales) a également durement pâti de la crise sanitaire. L'avionneur détenu à 10,95% par l'État a ainsi vu son titre refluer de 49% sur la période, quand les deux équipementiers ont respectivement subi des chutes de 33,8% (Thales, détenu à 25,7% par l'État) et de 30,8% (Safran).
2,3 milliards d'euros de dividendes perçus en 2019
Dans ce contexte troublé, les dividendes perçus par l'État actionnaire reculent également, à 2,3 milliards d'euros en 2019 répartis comme suit : 1,7 milliard d'euros en numéraire et 600 millions d'euros en actions, l'État ayant opté depuis l’exercice 2015 pour le versement des dividendes d’EDF en actions.
Dix ans plus tôt, en 2009, l'État actionnaire avait perçu quelque 5,5 milliards d'euros en dividendes, un chiffre en constante diminution depuis. Le recul observé en 2019 est "notamment à mettre sur le compte de la baisse des dividendes versés par EDF" (à 31 centimes d'euro par action contre 46 centimes en 2018) souligne le rapport.
"Que ce soit pour la filière aéronautique, la filière automobile ou tout autre secteur d’activité frappé violemment par la crise, l’État a fait bloc pour protéger les entreprises stratégiques et les emplois des Français" affirme le ministre de l'Économie et des Finances Bruno Le Maire, qui rappelle qu'"une enveloppe de 20 milliards d'euros a été allouée au compte d’affectation spéciale de l’APE pour renforcer les fonds propres des entreprises stratégiques en difficulté" et ajoute que l'État "continuera à soutenir en fonds propres dans les moins à venir les entreprises stratégiques qui en auront besoin"