(BFM Bourse) - Le laboratoire danois a abaissé ses perspectives de résultat opérationnel pour 2024, après des résultats trimestriels inférieurs aux attentes. Les ventes de ses traitements vedettes contre le diabète et l’obésité ont déçu au deuxième trimestre.
La belle histoire boursière de Novo Nordisk a commencé il y a tout juste un an quand le grand public a découvert l'Ozempic et le Wegovy, ses traitements contre le diabète et anti-obésité.
L'essor des médicaments antidiabétiques et anti-obésité, en particulier aux Etats-Unis ont porté l'activité et le cours de Bourse du laboratoire danois. En 2023, Novo Nordisk avait gagné près de 50% à la Bourse de Copenhague, devenant la première capitalisation européenne, au détriment du géant du luxe français LVMH. En 2024, la belle dynamique boursière s'est poursuivie avec une action a progressé de plus de 27% à la clôture de mardi.
Rien ne semblait arrêter l'irrésistible ascension de Novo Nordisk. Or, la concurrence est féroce pour capter ce marché colossal des traitements contre l'obésité. Mi-juillet, Roche a annoncé des données positives préliminaires pour son candidat médicament anti-obésité.. Mais la principale menace pour le groupe danois vient du laboratoire américain Eli Lilly qui compte dans ses rangs l'antidiabétique Mounjaro ainsi que sa version destinée à traiter l'obésité, Zepbound.
Et cette concurrence commence à menacer la suprématie du laboratoire danois sur le marché des médicaments contre l'obésité. A tel point que Novo Nordisk a abaissé mercredi sa prévision de croissance du résultat opérationnel pour cette année. Il table désormais sur une croissance de son résultat opérationnel comprise entre 20% et 28%, contre 22% à 30% attendu précédemment.
Chute de l'action Novo Nordisk
Habitué à enchanter les marchés, Novo Nordisk est sous pression après ce faux pas. A la Bourse de Copenhague, l'action perd encore 3% après avoir chuté de 7,7 % mercredi matin, soit sa forte baisse sur une séance depuis août 2022, relève Bloomberg.
Cet abaissement intervient alors que Novo Nordisk a publié au deuxième trimestre un résultat opérationnel inférieur aux attentes. Il a progressé de 8% à taux de change constants pour atteindre 25,9 milliards de couronnes danoises (3,47 milliards d'euros), quand le consensus de place visait plus et espérait 27,3 milliards de couronnes de bénéfice opérationnel (3,65 milliards d'euros).
Le groupe attribue ce raté à des dépréciations de 5,7 milliards de couronnes (764 millions d'euros) liées à l'échec en juin d'un essai clinique pour un traitement contre l'hypertension.
"Alors que la demande pour les produits de Novo Nordisk contre le diabète et l'obésité continue d'augmenter, nous pensons que Novo Nordisk et son concurrent Eli Lilly continueront d'être confrontés à une pression sur les prix sur le marché du GLP-1 à mesure que les volumes augmenteront, même avant l'entrée d'une troisième entreprise", avait prévenu mardi Karen Andersen, analyste chez Morningstar.
Le bénéfice net a atteint 20,05 milliards de couronnes danoises (2,68 milliards d'euros) entre avril et juin. Ce qui est inférieur au consensus LSEG cité par CNBC qui prévoyait pour sa part un résultat net de 20,9 milliards de couronnes danoises (2,80 milliards d'euros).
Un rare raté
Du côté des ventes, la dynamique globale imprimée par Novo Nordisk reste intacte. Au deuxième trimestre, le groupe danois a vu ses ventes bondir de 25% à 68,06 milliards de couronnes danoises (9,12 milliards d'euros). Mais les ventes de ses deux médicaments stars ont déçu les marchés. Les revenus de son traitement contre le diabète ont certes progressé de 30% à 28,875 milliards de couronnes danoises (3,86 milliards d'euros) mais c'est bien moins que les 29,84 milliards de couronnes danoises (4 milliards d'euros) projetés par les analystes.
Les ventes de Wegovy, son traitement phare contre l'obésité, ont augmenté de 53% sur un an pour atteindre 11,66 milliards de couronnes (1,56 milliard d'euros). Bien que la performance soit impressionnante, le marché fait aussi la fine bouche. Le consensus était plus exigent et attendait des ventes de 13,54 milliards de couronnes (1,81 milliard d'euros) pour ce traitement.
Le directeur financier Karsten Knudsen, cité par Bloomberg, explique que "les ventes de ce médicament ont été affectées par des rabais sur les prix plus élevés que prévu aux intermédiaires pharmaceutiques américains", lors d'une conférence téléphonique avec les journalistes, et a qualifié ce facteur "de ponctuel".
Novo Nordisk a également déclaré qu'elle avait retiré sa demande d'approbation du Wegovy pour le traitement des maladies cardiaques auprès des autorités de réglementation américaines et européennes. L'entreprise prévoit de déposer une nouvelle demande au début de l'année prochaine avec des données supplémentaires.
Malgré ce raté, Novo Nordisk a cependant revu à la hausse sa prévision de chiffre d'affaires pour 2024. Le laboratoire danois s'attend à une croissance de son chiffre d'affaires comprise entre 22% et 28%, contre une fourchette de 19% à 27% communiquée en mai.
"Nous sommes très confiants dans notre capacité à nous adapter, à fournir des patients et à assurer une croissance plus forte au second semestre. Je dirais donc qu'il ne faut pas s'inquiéter de ce qui s'est passé spécifiquement au [deuxième trimestre], il y a eu quelques ajustements, des remises, etc., mais qu'il faut regarder nos prévisions et nous pensons qu'il y a une croissance très attrayante devant nous", a déclaré le PDG de Novo Nordisk, Lars Fruergaard Jørgensen à CNBC..
Bien que l'adoption de ces médicaments soit encore à ses prémices, les prescriptions décollent. Surtout que quelque quatre milliards de personnes, soit près de la moitié de la population mondiale, devraient être obèses ou en surpoids d'ici à 2035, selon Roche. Jefferies estime pour sa part que les produits médicaux agissant sur la satiété représenteront un marché mondial de plus de 150 milliards de dollars d'ici à 2031 avec plus de 100 milliards pour le traitement de l'obésité.