(BFM Bourse) - Le numéro un mondial des spiritueux vise une croissance des ventes pour son exercice 2025-2026 comparable à celle dévoilée à fin juin 2025. Diageo a relevé son objectif de réductions de coûts.
L'exercice 2024-2025 a été semé d'embûches pour les groupes de spiritueux. Ce secteur a dû affronter de nombreux vents adverses, dont une poursuite de la faiblesse de la demande en Chine et aux Etats-Unis à laquelle se sont ajoutées des menaces de surtaxes douanières.
En début d'année, Diageo avait d'ailleurs purement et simplement abandonné son objectif de croissance à moyen terme citant les incertitudes liées à l'entrée en vigueur des droits de douane américains supplémentaires sur certains de ses alcools produits au Canada et au Mexique.
La société est d'autant plus tributaire de la politique douanière de l'administration Trump qu'elle réalise environ 45% de son chiffre d'affaires aux États-Unis grâce à des produits fabriqués au Canada et au Mexique, tels que la tequila Don Julio et le whisky canadien Crown Royal, selon des chiffres cités par Reuters.
Le groupe avait livré cette annonce en marge de la publication de ses résultats pour le premier semestre de son exercice décalé 2024-2025, qui s'étaient avérés "globalement en ligne" selon Bank of America.
Des résultats prometteurs
Pour l'ensemble de l'année 2024-2025, la dernière livraison du groupe n'est pas extraordinaire en première approche, mais semble répondre voire dépasser les attentes du marché.
Diageo a enregistré un chiffre d'affaires annuel de 20,245 milliards de dollars, en légère baisse de 0,1% sur un an, en données publiées. En données comparables, la progression de 1,7%, a été stimulée par une croissance organique des volume de 0,9% et une évolution positive du prix/mix (ventes sur des produits plus chers) de 0,8 %.
Les ventes annuelles de Diageo ressortent ainsi "en ligne avec les attentes", remarque Oddo BHF qui cite un consensus qui tablait sur un chiffre d'affaires de 20,215 milliards de dollars, et sur une hausse organique de 1,3%.
Le résultat opérationnel (Ebit) atteint 5,704 milliards de dollars, ce qui est 1% au-dessus du consensus situé à 5,65 milliards d'euros. "La différence était principalement due aux taux de change, la baisse organique de l'Ebit étant de 0,7%, ce qui correspondait à peu près à celle du consensus (-1,1 %)", note le bureau d'études. La marge correspondante atteint 28,2%, et dépasse les anticipations du marché (27,9%).
Le groupe est parvenu à générer 2,748 milliards de dollars de flux de trésorerie, soit une hausse de plus de 100 millions de dollars par rapport au précédent exercice. Le groupe qui a dépassé de près de 12% les anticipations du marché, sur cet indicateur, se dit sur de bons rails sur son plan d'économies "Accelerate", annoncé en mai. Ce programme vise à réduire la dette, générer 3 milliards de dollars de flux de trésorerie et dégager 500 millions de dollars de réductions de coûts sur trois ans.
"Le plan ambitieux du groupe en matière de rentabilité, de génération de flux de trésorerie disponible et de désendettement commence déjà à porter ses fruits, grâce à une équipe de direction intérimaire solide qui réduit les risques liés à la transition managériale", apprécie Oddo BHF.
Un objectif de réductions de coûts relevés
Pour autant, le groupe reste attentif sur son environnement de marché qui reste très incertain. "L'incertitude macroéconomique et la pression qui en résulte sur les consommateurs continuent de peser sur le secteur des spiritueux", a déclaré Nik Jhangiani, qui a pris la direction du groupe par interim après le départ mi-juillet de sa directrice générale Debra Crew.
La société table aussi sur un coût de 200 millions de dollars liés aux droits de douane de l’administration Trump, ce qui est plus que les 150 milliards de dollars initialement projetés. Diageo estime à ce stade pouvoir en compenser la moitié.
Le propriétaire des marques Smirnoff, Guiness ou Baileys table aussi sur une croissance organique des ventes pour son exercice 2025-2026 clos fin juin inchangée par rapport à l'année 2024-2025. La société va accélérer la cadence sur son programme d'économies pour le porter à environ 625 millions de dollars.
"Les économies attendues à moyen terme s'élèvent désormais à 650 millions de dollars, contre 500 millions précédemment, et les dépenses d'investissement devraient être ramenées à un chiffre moyen à un chiffre, contre environ 7% actuellement, ce qui devrait encore améliorer les marges et les flux de trésorerie disponibles à l'avenir", note Oddo BHF.
"Nous continuons de considérer que Diageo dispose de l'une des meilleures empreintes opérationnelles (régions, catégories, niveaux de prix) du secteur en termes de résilience, comme en témoignent une nouvelle fois ses chiffres de croissance organique des ventes pour l'exercice 2024-2025", juge le courtier qui maintient son opinion à surperformance à l'aune de "ces bons résultats".
À la Bourse de Londres, Diageo grimpe encore de 2% vers 13h00, après avoir gagné plus de 6%.