(BFM Bourse) - La société spécialisée dans la production d'énergie solaire et éolienne a annoncé une augmentation de capital gigantesque, de 8 milliards d'euros. Cet appel au marché doit permettre au groupe d'avoir les reins suffisamment solides alors que la société doit déployer pour 8,1 gigawatts de projets éoliens offshore d'ici à 2027.
Depuis plusieurs années, les groupes d'énergies renouvelables ont dû naviguer en eaux troubles. La hausse des matières premières, comme celle des prix du polysilicium, les surcoûts sur des projets éoliens offshore (en mer large) ou encore la remontée des taux d'intérêts sont autant d'éléments qui ont pesé sur leurs cours de Bourse.
Le retour à la Maison Blanche en janvier de Donald Trump, connu pour son hostilité envers toutes formes d'énergies renouvelables (il a encore fustigé les éoliennes lors de sa récente visite en Écosse, fin juillet, affirmant qu'elles devaient être interdites) n'a guère aidé.
Le président américain a notamment signé le 20 janvier, un décret suspendant les prêts fédéraux aux nouveaux projets éoliens offshore dans l'attente d'un examen économique et environnemental.
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Incertitude réglementaire
Orsted, groupe danois autrefois spécialisé dans les énergies fossiles et désormais focalisé sur l'éolien et le solaire, s'est retrouvé pris dans la tempête.
"L'incertitude (résultant du décret signé par Trump en janvier, NDLR) pèse sur les actions d'Orsted depuis le début de l'année, en raison des inquiétudes concernant ses deux projets américains en cours de construction: Revolution Wind (704 mégawatts avec un début d'exploitation prévu au deuxième semestre 2026) et Sunrise Wind (924 mégawatts et un début d'exploitation programmé au deuxième semestre 2027)", notait Alphavalue en mai.
Dans ce contexte difficile, Orsted a décidé de boire une potion bien amère (tout du moins du point de vue de ses actionnaires) pour renforcer son bilan.
À l'occasion de la publication de ses résultats du premier semestre, le groupe scandinave a annoncé un projet d'augmentation de capital de 60 milliards de couronnes danoises, soit environ 8 milliards d'euros.
À la Bourse de Copenhague, l'action Orsted s'effondre de 28,9% vers 14h20.
Un projet qui consomme le cash levé
Le groupe explique notamment s'être résolu à ce recours en raison de ses difficultés à céder une partie du projet Sunrise Wind, ce qui ajoute des besoins de financements de 40 milliards de couronnes, note Royal Bank of Canada. Orsted relie ces soucis à "la récente évolution défavorable du marché éolien offshore américain".
"Le bilan est depuis quelque temps au centre des préoccupations d'Orsted, les gros titres récents faisant état des difficultés rencontrées pour vendre des actifs sur le marché actuel", rappelle au passage Royal Bank of Canada.
D'où cette lourde augmentation de capital à laquelle participera l'État danois, qui possède 50,1% du capital d'Orsted.
Le produit de l'émission "sera utilisé pour renforcer la structure financière d'Orsted et lui offrir une flexibilité financière afin d'assurer une capitalisation adéquate entre 2025 et 2027, période durant laquelle Orsted réalisera son portefeuille de construction éolienne offshore de 8,1 gigawatts (l'équivalent de cinq fois l'EPR de Flamanville, NDLR)", a expliqué la société.
Le gros du capital levé servira, donc, surtout à couvrir les besoins de financement supplémentaires pour la totalité du projet Sunrise Wind "un projet qui est déjà soumis à une forte pression sur les rendements", souligne Royal Bank of Canada.
"Nous pensons que cette annonce sera accueillie négativement par le marché", a conclu la banque dans une note rédigée lundi matin.
La dilution s'avèrera en effet importante pour les actionnaires puisque les 60 milliards de couronnes danoises que compte lever Orsted correspondent peu ou prou à la moitié de sa capitalisation boursière actuelle (130 milliards de couronnes).
En mai dernier, Orsted avait annoncé le retrait d'un projet éolien offshore, Hornsea 4, situé aux larges des cotes écossaises. Le groupe avait alors évoqué des hausses de coûts et des risques d'exploitation accrus. Ce qui l'avait conduit à enregistrer des coûts de dédouanement estimé entre 470 millions et 600 millions d'euros.