(BFM Bourse) - Le groupe néerlandais a livré des commandes et des résultats supérieurs aux attentes au troisième trimestre.
Acteur incontournable dans l'industrie des semi-conducteurs, ASML est surtout la première capitalisation de la Bourse d'Amsterdam et même de l'Europe (devant LVMH), avec une capitalisation boursière de 340 milliards d'euros.
Le groupe batave a doublé SAP et LVMH à la faveur d'une nette hausse sur les six derniers mois (+45%). La société a pu bénéficier de la vigueur de la thématique de l'intelligence artificielle en Bourse.
Son titre a par exemple pris plus de 7% le 18 septembre dernier après qu'Intel a annoncé un partenariat avec Nvidia se traduisant notamment par un apport de fonds de 5 milliards de dollars au spécialiste des microprocesseurs pour PC.
Bank of America écrivait que cet accord pouvait changer la donne pour ASML car un Intel en meilleure forme est synonyme de client en meilleure santé pour le groupe néerlandais. L'espoir était que l'activité "fonderie d'Intel soit redynamisée", confirmait de son côté Morningstar.
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Des technologies de pointe
Rappelons que si ASML est rattaché à l'univers des semi-conducteurs, la société batave ne produit pas des puces à proprement parler. ASML conçoit des machines utilisées pour la photolithographie, une technologie indispensable à la création de semi-conducteurs. Comme l'explique Morningstar, il s'agit d'un "processus dans lequel une source de lumière est utilisée pour exposer les motifs d’un circuit intégré sur une tranche de silicium ("wafer") à partir d'un photomasque". Ces faisceaux de lumière permettent ainsi de créer des minuscules circuits sur les puces informatiques.
Avec l'envolée des applications de semi-conducteurs (due par exemple à l'essor de la 5G, du véhicule électrique ou au développement des objets connectés) la demande a évidemment fortement progressé ces dernières années pour ASML.
Les produits du groupe néerlandais sont ainsi achetés par les principaux acteurs des semi-conducteurs comme les fondeurs Samsung Electronics, Intel et le taïwanais TSMC.
Les outils de lithographie "EUV" (par rayonnement ultra-violet extrême) constituent la nouvelle génération de produits de la société. Selon le Commissariat à l'énergie atomique (CEA), ce procédé permet de tracer des motifs plus fins pour traiter toujours plus d'informations, avec une longueur d'onde réduite. Et donc in fine de permettre la production de puces plus puissantes.
"Nous pensons qu'ASML restera le premier fournisseur d'équipements de lithographie pour les fonderies de semi-conducteurs pendant au moins les deux prochaines décennies. Taiwan Semiconductor Manufacturing, Intel et Samsung ont repensé leurs usines il y a dix ans afin de les adapter à la lithographie extrême ultraviolet (EUV), une entreprise coûteuse et de longue haleine. Il est donc peu probable qu'ASML soit détrôné de sa place dans le secteur des fonderies. De plus, aucun concurrent n'a encore égalé le leadership technologique d'ASML", explique Morningstar.
Des perspectives bien reçues
Le parcours boursier de la société est soigné par les résultats du troisième trimestre publiés ce mercredi 15 octobre.
L'entreprise néerlandaise a publié des revenus de 7,52 milliards d'euros au troisième trimestre, en repli de 2% sur un an. Le résultat brut a atteint 3,88 milliards d'euros pour une marge brute de 51,6% contre 53,7% un an plus tôt, tandis que le bénéfice net a été globalement stable, à 2,13 milliards d'euros. Selon Oddo BHF, les revenus ont été légèrement inférieures aux attentes, tandis que la marge brute et le bénéfice les ont un tout petit peu dépassées.
Surtout, ASML a annoncé des prises de commandes de 5,4 milliards d'euros avec 3,6 milliards d'euros pour les appareils EUV soit largement au-dessus du consensus de 5 milliards d'euros évoqué par UBS.
Les perspectives sont plutôt positives. Le directeur général Christophe Fouquet a indiqué que les ventes du quatrième trimestre étaient attendues entre 9,2 et 9,8 milliards d'euros et la marge brute entre 51 et 53%. Ce alors que le consensus tablait sur 9,23 milliards d'euros de ventes pour cette période. Pour 2025, la société anticipe une croissance de 15% de ses revenus et une marge brute à 52% grâce à un bon quatrième trimestre.
Par ailleurs, "du côté du marché, nous avons constaté une dynamique positive continue autour des investissements dans l'IA, qui s'est également étendue à un plus grand nombre de clients, tant dans le domaine de 'leading-edge logic' (des semi-conducteurs utilisés pour des applications de pointe comme le quantique, NDLR) que dans celui des DRAM (la mémoire vive dynamique, des composants de stockage de données pour les processeurs informatiques, NDLR) avancées", a ajouté le dirigeant.
"En revanche, nous prévoyons une baisse significative de la demande des clients chinois, et donc de notre chiffre d'affaires net total en Chine en 2026, par rapport à nos très bons résultats enregistrés dans ce pays en 2024 et 2025", a prévenu Christophe Fouquet.
Le directeur général a ajouté que "la société ne s'attendait pas à ce que ses revenus baissent en 2026 par rapport à cette année".
Oddo BHF juge l'ensemble de ces commentaires comme étant positifs.
En réaction à la publication, ASML prend 3,33% à la Bourse d'Amsterdam.
"La course actuelle à l'IA, qui stimule le marché de la mémoire et les ventes de puces logiques (GPU/CPU), repositionne clairement ASML comme un acteur clé du secteur, avec une position monopolistique sur les nœuds avancés et une feuille de route solide à long terme", commente Oddo BHF.