(BFM Bourse) - La société suisse a encore livré une activité dépassant les attentes sur le trimestre allant de janvier à mars, soutenue par une croissance de 11% dans la joaillerie, le cœur de son activité. Le groupe helvétique signe la meilleure performance en Bourse du secteur depuis le 1er janvier.
Alors que le secteur du luxe est à la peine, Richemont prend sa revanche. Autrefois dans le dur, le groupe suisse avait régulièrement été cité, dans des articles de presse, comme une potentielle proie pour Kering ou LVMH.
La société helvétique affiche désormais une bien meilleure forme que les deux groupes français susnommés. Ce qui tient notamment au positionnement du propriétaire des marques Van Cleef & Arpels et Cartier.
Richemont est un spécialiste du "hard luxury" (joaillerie, horlogerie) par opposition au "soft luxury" (mode, maroquinerie). Comme le notait Deutsche Bank en avril, cette catégorie de produits de luxe est moins pénalisée que les autres par la disparation de la clientèle dite "aspirationnelle", moins fortunée que les acheteurs plus traditionnels et qui a tendance à opter pour les articles moins onéreux.
De plus, le "hard luxury" a davantage de "pricing power", note HSBC. "Nous pensons que la créativité florissante des marques de joaillerie de Richemont, une proposition de valeur de produit attrayante, en particulier par rapport à certaines sociétés de 'soft luxury', étant donné que (le groupe) a été raisonnable en termes d'augmentations de prix après la pandémie" devraient permettre à Richemont de dépasser ses concurrents, expliquait la banque sino-britannique dans une récente note.
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La meilleure performance boursière
Cerise sur le gâteau: le directeur général, Nicolas Bos. Arrivé l'an passé, ce dirigeant "mêle créativité et rigueur d'exécution", loue HSBC. "Il semble être apprécié en interne et en externe, et modifie la culture de l'entreprise de manière positive", ajoute la banque.
L'ensemble de ces atouts amènent Richemont à signer la meilleure performance boursière parmi les grands acteurs du luxe cette année.
Depuis le 1er janvier 2025, Richemont s'adjuge 20,3% une performance bien meilleure que celles de LVMH (-20,2%), Kering (-26%), Burberry (+0,7%), Salvatore Ferragamo (-11%), Prada (-10,5%) ou Brunello Cucinelli (+5,8%). Même Hermès, la valeur refuge du luxe par excellence, souvent considéré comme le meilleur élève du secteur, est battu (+12%).
Les résultats publiés par Richemont ce vendredi 16 mai au titre du trimestre allant de janvier à fin mars et de son exercice 2024-2025 ne font que confirmer sa bonne santé.
Sur les trois derniers mois de son exercice clos fin mars, Richemont a dégagé une croissance de ses revenus de 8% en données publiées et de 7% hors effets de changes et en données comparables, à 5,172 milliards d'euros. À titre de comparaison, seul Hermès a enregistré une croissance plus forte que le groupe suisse dans le luxe sur ce trimestre, et seulement d'un cheveu (+7,2% hors effets de changes).
Richemont a surtout été tiré par sa principale division, la joaillerie (72% des revenus), où la croissance a atteint 11% hors effets de changes.
Le groupe suisse a dépassé les attentes, tant sur sa croissance globale que dans la joaillerie. Selon un consensus cité par Royal Bank of Canada, les analystes tablaient sur une progression des revenus de 6% hors effets de changes et de 9% pour la seule division joaillerie.
Un écart de croissance impressionnant
"Par rapport à d'autres sociétés de luxe, la performance de 11% de la joaillerie au quatrième trimestre se situe dans le haut de la fourchette et il ne semble pas qu'il y ait eu le même ralentissement séquentiel (d'un trimestre à l'autre, NDLR) que celui observé par les autres sociétés du secteur", souligne Deutsche Bank. La "performance relative" de Richemont est ainsi "impressionnante", apprécie la banque allemande.
Sur l'ensemble de son exercice 2024-2025, Richemont a enregistré une croissance de 4% hors effets de changes, à 21,4 milliards d'euros. La société a dégagé une marge brute de 14,3 milliards d'euros, représentant 66,9% du chiffre d'affaires. Le résultat opérationnel a reculé de 7% à 4,47 milliards d'euros tandis que la marge correspondante a reculé de 2,4 points de pourcentage à 20,9%.
Les marges de la société ont été pénalisées par des effets de changes négatifs et des hausses de coûts de matières premières, comme l'or.
Le bénéfice net a augmenté de 16% à 2,75 milliards d'euros. Cette dernière amélioration s'explique par de moindres pertes subies sur Yoox-Net-à-Porter, une société de distribution dont Richemont a finalisé la vente juste après la clôture de son exercice, en avril.
"Nous nous attendons à ce que ces résultats soient bien accueillis, en particulier dans le contexte d'un environnement pour le luxe en général", a écrit Royal Bank of Canada, dans une note écrite avant l'ouverture du marché.
C'est effectivement (encore) le cas. L'action bondit de 6,7% en fin de matinée à la Bourse de Zurich.