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En faillite, Hertz émet de nouvelles actions mais prévient qu'elles ne valent sans doute rien

mardi 16 juin 2020 à 11h23
Hertz émet 500 millions de dollars d'actions qui ne valent rien à moins d'un miracle

(BFM Bourse) - Le loueur de voitures Hertz a déclaré, dans un document transmis à la SEC lundi, qu'il allait vendre jusqu'à 500 millions de dollars d'actions ordinaires tout en avertissant les acheteurs potentiels qu'il est presque certain que celles-ci deviendront sans valeur. Alors que le tribunal américain des faillites du Delaware avait autorisé le groupe à vendre jusqu'à un milliard d'actions, cette vente devrait uniquement profiter aux créanciers du groupe.

Drôle d'époque. Après avoir vu son titre s'envoler de près de 1.500% (de 40 centimes à plus de 6 dollars) en deux semaines après l'annonce de sa faillite, Hertz profite de cet improbable rebond pour émettre 500 millions de dollars d'actions ordinaires. Dans un document transmis au gendarme boursier américain, la Securities & Exchange Commission (SEC), le loueur de voitures prévient toutefois que ces actions ne vaudront plus rien, "à moins que les détenteurs de créances et d'intérêts plus importants, tels que les dettes garanties et non garanties (qui s'élèvent à plus de 19 milliards de dollars, NDLR), ne soient payés en totalité".

Et cela, toujours selon Hertz, ne se produira que s'il y a "un changement stupéfiant dans la progression de la pandémie de Covid-19 et un revirement significatif dans les tendances du voyage". Plus précisément, pour que les acheteurs de ces actions nouvelles émises aient une chance de ne pas tout perdre, il faudrait "une amélioration significative -et actuellement imprévue- des conditions commerciales pour atteindre les niveaux antérieurs à la pandémie" indique le loueur de voitures dans son document déposé auprès de la SEC.

L'annonce de Hertz est intervenue dans le sillage de la décision du tribunal américain des faillites du district du Delaware a approuvé vendredi la vente pouvant aller jusqu'à un milliard de dollars d'actions ordinaires dans ce qui s'apparente à un ultime effort de la société pour tirer profit de la volatilité du cours de ses actions et négocier avec la Bourse de New York pour ne pas être radiée de la cote.

Une "aberration"

Difficile, toutefois, d'y voir autre chose qu'une "aberration (lucrative) de "millenials" sur Robinhood" comme le relevait John Plassard, directeur adjoint des investissements chez Mirabaud dans sa note matinale de lundi. "On a constaté ces dernières semaines des aberrations qui ne se produisaient pas par le passé" souligne-t-il, avant de relever qu'après avoir déposé son bilan le 22 mai, Hertz est soudainement "devenu le 3e titre le plus populaire de (la très populaire plateforme de trading, NDLR) Robinhood". "Au cours des 30 derniers jours, le nombre de comptes Robinhood détenant des actions Hertz a en effet augmenté de plus de 82.000", pour atteindre près de 170.000 comptes.

Dans le sillage de cette annonce, le titre Hertz -toujours très volatil- a abandonné plus 33% lundi, malgré l'impressionnant retournement des principaux indices new-yorkais après les nouvelles annonces de la Fed. Sur le "pre-market" avant l'ouverture de Wall Street mardi, il reprend néanmoins près de 8%, ce qui lui permettrait de revenir au-dessus de 2 euros.

Ce niveau est trois fois supérieur à celui auquel l'investisseur -pourtant très chevronné et réputé pour ses coups de Bourse audacieux- Carl Icahn s'est délesté de sa participations, à 72 cents en moyenne, après avoir accumulé près de 40% du capital du loueur de voitures dans l'espoir d'un redressement.

La politique de la Fed pointée du doigt

Si l'action reste populaire auprès des investisseurs particuliers, de nombreux professionnels continuent de les mettre en garde, à l'instar de l'animateur star de "Mad Money" sur CNBC, Jim Cramer, qui a de nouveau affirmé que celle-ci "ne vaut rien". "Ce n'est pas la roulette russe, c'est un jeu, si l'on veut le qualifier ainsi, d'adresse, un jeu de roulette. C'est un jeu, si l'on veut l'appeler ainsi, d'adresse. Et l'habileté, ici, signifie avoir un avantage, et celui-ci vient du côté de la dette", a-t-il déclaré, sous-entendant que ce sont les créanciers du groupe qui ont le plus à gagner de cette émission d'actions.

"À moins qu'un génie ou qu'une lampe ne fasse apparaître le pool de garanties, nous nous attendons à ce que la valeur des capitaux propres soit nulle", ont également déclaré les analystes de CreditSights. "Ce n'est pas de l'investissement, c'est un jeu d'argent ("gambling" dans le texte, NDRL)" a pour sa part affirmé Nancy Tengler, directrice des investissements chez Laffer Tengler Investments. "Voici le spectacle de clown que Jay Powell a créé" renchérit Sven Henrich, fondateur de NorthmanTrader.com, pour qui l'illusion de l'argent gratuit et illimité créée par la Fed au cours des derniers mois a rendu les marchés complètement irrationnels.

Quentin Soubranne - ©2025 BFM Bourse
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