(BFM Bourse) - L'établissement allemand est passé à l'achat sur Airbus, jugeant que l'action s'échange à des niveaux attrayants et est mieux positionné pour 2025. La banque allemande a également relevé son opinion à l'achat sur Safran car elle estime que le repli de l'action après la journée dédiée aux investisseurs offre une opportunité de se positionner sur le titre.
En décembre, les analystes passent traditionnellement au peigne fin les différentes valeurs de leurs secteurs en amont de la nouvelle année. Ils en profitent alors pour ajuster leurs prévisions, leurs objectifs de cours voire changer leurs conseils.
Ce mardi, Deutsche Bank a publié une note sectorielle dans laquelle la banque allemande a fait le point sur les actions européennes de l'aéronautique et de la défense. L'établissement explique, au passage, être confiant sur les actions liées aux dépenses militaires.
"Le risque géopolitique augmente en Europe. Les dépenses de défense européennes continueront de progresser pour deux raisons : tout d'abord, un cessez-le-feu en Ukraine pourrait inciter les nations européennes à dépenser davantage pour la défense. En outre, le président élu (américain, NDLR) Trump a mentionné que les membres de l'OTAN devraient augmenter leurs dépenses de défense à 3% de leur PIB, au lieu de 2%", liste l'établissement.
"Aucun pays européen de premier plan n'en est encore là, mais l'Union européenne pourrait mettre en place un fonds de 500 milliards d'euros pour soutenir les achats. L'environnement reste donc solide", ajoute la banque.
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Airbus maîtrise mieux sa capricieuse supply chain
Deutsche Bank a surtout profité de l'occasion pour réviser sa recommandation sur Airbus. La banque allemande est passée de "conserver" à "acheter" avec un objectif relevé à 185 euros contre 155 euros précédemment. Cette nouvelle cible accorde un potentiel d'environ 17% à la clôture de lundi.
L'établissement d'outre-Rhin a également rehaussé son conseil sur l'équipementier aéronautique et motoriste Safran, passant là encore à "acheter" contre "conserver" avec une cible relevée à 243 euros contre 214 euros (soit un potentiel de 16% au cours de clôture de lundi).
Ces changements de recommandations propulsent Airbus et Safran dans le top 5 du CAC 40 ce mardi vers 11h45. Airbus s'adjuge 1,9%, la plus forte hausse de l'indice parisien tandis que Safran progresse de 1%.
Airbus a encore dû lutter en 2024 avec des tensions importantes sur sa chaîne logistique, notamment au niveau des approvisionnements de moteurs et des aérostructures (fuselages, ailes, nacelles).
En raison de ce pilotage compliqué de sa chaîne d'approvisionnement et des difficultés dans ses activités spatiales, Airbus avait émis en juin un lourd avertissement sur résultats. Le groupe avait alors abaissé plusieurs objectifs, notamment sa cible de livraisons, à "environ" 770 avions contre 800 précédemment.
Alors qu'il ne reste que deux semaines avant la fin de 2024, l'avionneur va devoir charbonner pour tenir cette cible "d'environ" 770 avions livrés. Deutsche Bank pense d'ailleurs que le groupe devrait s'en approcher sans atteindre pile le chiffre de 770.
La banque allemande a retenu 761 livraisons en 2024. D'après ses calculs, Airbus devra livrer 118 avions pour tenir son estimation de 761 livraisons et 127 pour respecter son propre objectif de 770 unités.
Sur la base des données de la société d'analyses Cirium citées par la banque, Airbus avait livré 30 avions du 1er au 13 décembre. Au vu de ce chiffre et des précédentes performances de la société sur les mois de décembre, Deutsche Bank calcule qu'Airbus pourrait atterrir à 118-120 livraisons sur le dernier mois de l'année.
"Cela est conforme à nos attentes et indique qu'Airbus contrôle mieux sa chaîne d'approvisionnement, malgré sa relative imprévisibilité", apprécie Deutsche Bank.
Vers de moindres tensions en 2025
La banque déduit qu'Airbus, avec cette meilleure maîtrise de sa chaîne logistique est "mieux positionné" pour l'année 2025. Certes, les tensions logistiques seront encore présentes l'année prochaine. Mais Deutsche Bank a davantage confiance de la capacité du groupe à gérer sa montée en cadence après une année "2024 agitée".
Pour l'heure, le consensus table sur 60 livraisons de plus en 2025 par rapport à 2024, soit autour de 820-830 unités. Ce qui paraît peu ambitieux aux yeux de la banque alors que l'approvisionnement en moteurs devrait s'améliorer l'année prochaine.
"En particulier, la certification, le 6 décembre, de la turbine haute pression, plus durable, pour ses moteurs LEAP-1A (les moteurs de CFM à destination de la famille A320 neo d'Airbus), améliorera la qualité des moteurs livrés à Airbus en 2025. Le fait qu'ils soient plus faciles à fabriquer laisse présager un apaisement des tensions dans la chaîne d'approvisionnement", développe Deutsche Bank..
Safran, une action de long terme
En parallèle, la banque note que l'action s'échange autour de 13,7 fois le bénéfice opérationnel attendu pour l'année 2026, ce qui la rend "relativement abordable". Ce alors que sur la période 2025-2027, la société bénéficiera d'une augmentation des livraisons d'avions (et donc des volumes) couplée à une amélioration du "mix", c'est-à-dire qu'elle livrera davantage d'avions plus chers et plus rentables (par exemple des A321 XLR plutôt que des A319 neo).
Pour Safran, Deutsche Bank invite à profiter de la correction du titre, après sa journée dédiée aux investisseurs, pour se positionner à l'achat. Safran a tenu le 5 décembre dernier un "capital market day" livrant alors des cibles de cash et de rentabilité de moyen terme nettement inférieures aux attentes.
"La direction de Safran est connue pour sa prudence, mais les objectifs financiers pour 2028 divulgués ce matin ont dépassé les niveaux historiques de prudence de Safran", avait alors jugé de son côté Barclays. Le titre avait dévissé de plus de 7% le jour même.
"Safran a l'habitude de sous-promettre pour dépasser les attentes. Le capital market day de 2024 n'a pas fait exception à notre avis", fait valoir, ce mardi, Deutsche Bank.
"Bien que les objectifs aient pu être perçus comme inférieurs aux attentes, nous les considérons comme conservateurs. Les rachats d'actions pour un montant de 5 milliards d'euros ont également constitué un point positif à nos yeux, démontrant une fois de plus la confiance de l'entreprise dans sa capacité du groupe à générer du FCF (du flux de trésorerie disponible)", explique Deutsche Bank.
L'établissement note que les détails de la présentation de la société montrent que Safran a intégré des hypothèses extrêmement prudentes, en retenant un alourdissement de ses impôts payés de 500 millions sur la période 2025-2026 et en excluant des prépaiements sur les avions Rafale (dont les moteurs sont fournis par Safran). Ce dernier point signifie que le groupe écarte tout nouveau contrat Rafale à l'export alors que des commandes pourraient bien être annoncées sur la période 2024-2028, note Deutsche Bank.
Par ailleurs, Safran a établi ses projections sur la base d'un taux de change eurodollar de 1,15 contre 1,05 (environ) à l'heure actuelle.
"À notre avis, au-delà des objectifs financiers, le capital market day a insisté sur le fait que Safran reste une société solide (…) qui mérite d'être détenue sur le long terme", conclut la banque allemande.