(BFM Bourse) - La célèbre marque à la virgule a livré des prévisions décevantes pour son quatrième trimestre, ce qui a éclipsé des résultats moins mauvais qu'attendu. Les stocks sont encore élevés et la transition voulue par le nouveau directeur général, Elliott Hill, aura encore des impacts importants sur les comptes.
Nike est encore loin de son pic de forme. L'équipementier sportif américain souffre depuis plusieurs trimestres face à son grand rival allemand Adidas, et perd des parts de marché, en raison notamment d'un certain manque d'innovation dans sa gamme.
Appelé à la rescousse en octobre dernier pour remettre d'équerre le groupe à la virgule, le nouveau directeur général, Elliott Hill, un vétéran de Nike, tente de dérouler sa stratégie qui consiste entre autres à accélérer la transition en matière de produits, notamment sur les articles sportifs.
"La direction agit rapidement pour remettre à zéro la place de marché et éliminer les stocks anciens afin de permettre l'arrivée sur le marché d'un pipeline de nouveaux produits", explique Bank of America. Nike a par exemple lancé des chaussures de course innovantes avec la Nike Vomero 18, spécialisée dans le confort et l'amorti, et la gamme Pegasus, plus polyvalente
Ces efforts pour redresser la société ne sont pas sans provoquer une certaine douleur. L'élimination des stocks pèse à la fois sur l'activité et sur les marges du groupe.
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"Nous ferons mieux"
Au troisième trimestre de son exercice 2024-2025, Nike a encore vu ses revenus souffrir, reculant de 7% hors effets de changes, à 11,27 milliards de dollars. La faiblesse a été particulièrement marquée dans les chaussures (-9%) ainsi qu'en Chine (-17%) et en Europe (-10%) tandis que l'Amérique du Nord résiste bien (-4%).
Le directeur financier, Matt Friend, a expliqué que, bien qu'en baisse de 2%, les stocks d'anciens produits demeuraient élevés, notamment sur les marques Air Jordan One et Dunk. La marge brute, un indicateur très suivi dans le secteur, a baissé de 16% sur un an à 4,68 milliards de dollars, tandis que le taux correspondant est tombé à 41,5% contre 44,8%. Le bénéfice par action a chuté de 30% à 54 cents.
Nike a tout de même dépassé les attentes. Selon un consensus cité par Bank of America, les analystes attendaient 11 milliards de dollars de revenus, une marge brute de 4,58 milliards de dollars et un bénéfice par action de 28 cents.
"Bien que nous ayons atteint nos attentes, nous ne sommes pas satisfaits avec nos résultats globaux. Nous pouvons faire mieux et nous ferons mieux", a reconnu Elliott Hill, devant les analystes, mercredi soir.
"Bien que le directeur général se soit déclaré fier des progrès accomplis, les résultats globaux n'étaient pas satisfaisants", cingle pour sa part UBS.
Prévisions décevantes
Pour le quatrième trimestre 2024-2025, qui sera clos en mai prochain, le directeur financier, Matt Friend a indiqué que la société s'attendait à une dégradation de son activité, évoquant une baisse "mid-teens" (autour de 15%) de ses revenus et un repli de la marge brute de 4 à 5 points de pourcentage.
La perspective sur les revenus intègre des impacts de changes négatifs. "Nous sommes également confrontés à plusieurs facteurs externes qui créent de l'incertitude dans l'environnement opérationnel actuel, notamment la dynamique géopolitique, les nouveaux tarifs douaniers, la volatilité des taux de change et les réglementations fiscales, ainsi que l'impact de cette incertitude et d'autres facteurs macroéconomiques sur la confiance des consommateurs", a développé le directeur financier.
Matt Friend a néanmoins prévenu que les impacts négatifs du recentrage stratégique voulu par Nike atteindront leur point culminant sur ce trimestre. Autrement, la pression sur les résultats devrait ensuite retomber.
"Bien que la baisse attendue des ventes au quatrième trimestre reflète des vents contraires macroéconomiques et géopolitiques, les prévisions sont principalement dues à des défis spécifiques à l'entreprise plutôt qu'à un ralentissement soudain des tendances de l'industrie", estime UBS.
À Wall Street, l'action Nike chute une nouvelle fois, perdant 6,4% en préouverture ce vendredi. Les investisseurs sanctionnent les perspectives. Selon un consensus LSEG cité par Reuters, les analystes tablaient sur une baisse de 12,2% des ventes pour le quatrième trimestre, soit un repli moins prononcé que celui annoncé par la société.
Pour David Schwartz, de Morningstar, "Nike ne gagne pas maintenant, mais les premières étapes du redressement sont encourageantes".