(BFM Bourse) - La banque suisse a dégagé un bénéfice de 1,75 milliard de dollars au premier trimestre, nettement au-dessus des attentes, après deux trimestres de pertes. La gestion de fortune et la banque de détail se sont bien comportés.
Devenu un géant mondial de la banque après avoir été poussé l'an passé par les autorités helvètes à racheter Credit Suisse et éviter ainsi une crise financière mondiale, UBS occupe le devant de la scène de la Bourse européenne ce mardi.
L'établissement helvétique s'adjuge 9,4% à la Bourse de Zurich vers 15h30, à la faveur de résultats du premier trimestre supérieurs aux attentes.
"Il y a un peu plus d'un an, on nous a demandé de jouer un rôle essentiel dans la stabilisation des systèmes financiers suisse et mondial en rachetant Credit Suisse et nous tenons nos engagements. Ce trimestre marque le retour à des bénéfices nets et la poursuite de l'accroissement du capital, ce qui témoigne de la solidité de nos activités", a déclaré le directeur général, Sergio Ermotti, cité dans un communiqué.
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Bénéfice nettement au-dessus des attentes
Après deux trimestres consécutifs dans le rouge, UBS a en effet publié un bénéfice net de 1,76 milliard de dollars sur les trois premiers de 2024, dépassant largement le consensus logé à 602 millions de dollars, selon Royal Bank of Canada.
Par division, Jefferies souligne la bonne tenue de la gestion de fortune d'UBS qui a généré un bénéfice opérationnel sous-jacent qui a dépassé les attentes de 17% à 1,27 milliard de dollars. La banque de détail ("personal and corporate banking") a elle dégagé un bénéfice opérationnel sous-jacent de 878 millions de dollars, soit 4% de plus que le consensus. La banque d'investissement a également dépassé les attentes, avec un bénéfice opérationnel sous-jacent à 404 millions d'euros, 24% au-dessus du consensus.
La banque suisse a par ailleurs publié un ratio de solvabilité CET 1, qui rapporte les fonds propres à l'encours pondéré des risques, de 14,8% quand le consensus ne se situait qu'à 14,4%. La société a nettement réduit ses risques, de 4% (20 milliards de dollars) par rapport au précédent trimestre, réduisant par la même sa consommation de capitaux.
Les règles du "too big to fail"
Concernant ses perspectives, UBS a notamment indiqué pour le deuxième trimestre attendre une baisse "low to mid single digit", c'est-à-dire entre 1% et 6%, de ses revenus dans la gestion de fortune en raison notamment d'une baisse des volumes des prêts et des dépôts et de la baisse des taux en Suisse. La Banque nationale Suisse (BNS) a, en effet, été la première grande banque centrale occidentale à abaisser ses taux directeurs, fin mars. UBS s'attend par ailleurs à une baisse "mid to high single digit" en dollars, de 5% à 9% donc, dans sa banque de détail, citant là encore les baisses de taux de la BNS.
Par ailleurs, les investisseurs attendaient de potentielles indications sur l'impact que pourrait avoir le durcissement de la réglementation "too big to fail", soit les règles pour éviter que la chute d'une banque systémique entraîne avec elle les contribuables et le système financier. Le conseil fédéral suisse a présenté en avril un ensemble de mesures pour renforcer cette législation. Ce alors que la Suisse avait été pointée du doigt pour avoir résolu une crise financière en créant un géant bancaire, susceptible de plomber l'économie helvétique s'il venait à s'effondrer.
"C'est une discussion importante à avoir pour le pays", a reconnu Sergio Ermotti lors de la conférence avec des analystes, cité par l'Agence France Presse (AFP). "Mais il est encore trop tôt pour spéculer sur son impact", a-t-il ajouté, disant espérer une issue raisonnable à l'issue de ce débat.
L'AFP mentionne "des calculs d'experts" qui chiffraient entre 15 milliards et 25 milliards de dollars le coussin de liquidités qui serait nécessaire pour se conformer à ce durcissement réglementaire. "La proposition 'too big to fail' reste une incertitude", juge Royal Bank of Canada.