(BFM Bourse) - La Bourse de Moscou n'est pour l'heure pas en mesure de refléter l'inquiétude des investisseurs sur les valeurs russes, les autorités ayant décidé de la fermer au moins jusqu'au 5 mars. Mais la grande majorité des fleurons énergétiques du pays sont aussi cotés à Londres, où ils s'effondrent littéralement. Face aux sanctions qui s'accumulent, les investisseurs liquident leurs positions. Le géant bancaire Sberbank et les groupes pétroliers et gaziers Lukoil et Rosneft apparaissent réduit au centuple de leur valeur du début d'année.
Les titres des géants russes cotés à Londres, qui se négociaient encore à plusieurs dizaines de dollars il y a seulement quelques semaines, ne valent plus que quelques centimes. Alors que la banque centrale russe a interrompu la négociation des actions à Moscou lundi, et ce au moins jusqu'à vendredi, les actions des sociétés russes cotées à Londres coulent en réaction aux sanctions imposées à la Russie (et à ses entreprises) après l'invasion de l'Ukraine.
À titre d'exemple, le certificat de dépôt -un instrument financier négociable émis pour représenter les titres d'une société cotés sur une autre place boursière- Sberbank s'effondre de 82% à... 4 cents, quand il s'échangeait à plus de 15 dollars le 31 décembre dernier. Le recul atteint ainsi 99,83% depuis le 1er janvier.
Concernée par les sanctions même si elle n'a pas (encore) été exclue du fameux réseau Swift, la première banque russe a annoncé son retrait du marché européen ce mercredi. "Les banques filiales du groupe sont confrontées à des sorties de fonds anormales et à des menaces concernant la sécurité de leurs employés et de leurs bureaux", a indiqué le groupe dans un communiqué cité par les agences de presse russes. Selon celui-ci, Sberbank n'est pas en mesure de fournir des liquidités à ses filiales européennes, en raison d'une ordonnance de la banque centrale russe. Le régulateur bancaire de l'UE (le Conseil de résolution unique) a par ailleurs annoncé mardi qu'une procédure de dépôt de bilan allait être ouverte concernant la principale filiale en Europe de Sberbank, Sberbank Europe AG, basée en Autriche.
Si le secteur de l'énergie est pour l'heure relativement épargné par les sanctions occidentales, en raison de la dépendance de plusieurs pays européens au gaz russe, les producteurs sont aussi massacrés à Londres. Les deux géants du gaz que sont Rosneft et Gazprom abandonnent respectivement 88,2% et 98,8% depuis le 1er janvier, leurs certificats de dépôt étant ce mercredi réduit à des "penny stocks" - à 0,99 cents pour Rosneft et 0,34 cents pour Gazprom vers 15h40. Le troisième poids lourd du secteur, Novatek, dont TotalEnergies est actionnaire, n'échappe pas à la purge (-99,7% depuis le 1er janvier).
Les pays européens peuvent encore théoriquement acheter du pétrole russe mais les opérateurs de marché ont pris les choses en main, et tentent par tous les moyens de s'approvisionner autrement. Selon Standard & Poor's, la décote du brut pompé dans l'Oural russe par rapport au Brent et au WTI atteignait ainsi près de 20 dollars ce mardi face à la très faible demande.
Plusieurs fonds, à commencer par le fonds souverain norvégien (le plus grand du monde), ont par ailleurs annoncé qu'ils allaient céder l'ensemble de leurs actifs russes. Lukoil s'effondre ainsi également de plus de 99% à Londres, même si son titre est le seul à ne pas basculer dans la catégorie peu enviable des "penny stocks" puisqu'il se négocie encore autour de 2,7 dollars ce mercredi, contre 8 la veille... et près de 90 à la fin de l'année dernière.