(BFM Bourse) - Le taux des obligations à dix ans de la République fédérale d'Allemagne -jugées les plus sûres de la zone euro- est descendu à... 0%. Autrement dit, un souscripteur se positionnant aujourd'hui est assuré de n'enregistrer aucun rendement pendant dix ans en termes nominaux - a fortiori en termes réels prenant en compte l'inflation. Mais le mécanisme des prix peut encore jouer favorablement. Explications...
Quelques semaines de déceptions successives au niveau des indicateurs économiques en Europe ont entraîné une nouvelle régression des rendements des obligations souveraines, en particulier sur le Bund allemand à dix ans. Le taux des titres de dette de la République fédérale, valeur refuge par excellente au sein de la zone euro, ont même atteint... zéro.
Comme le souligne le gestionnaire d'actifs DWS, l'acquéreur d'une telle obligation aujourd'hui n'obtiendra aucun rendement jusqu'à l'échéance, même en termes nominaux, simplement l'assurance d'être remboursé du principal. Un crève-cœur pour les épargnants qui se souviennent du bon vieux temps où ils pouvaient investir sur des titres pratiquement sans risque (Bunds mais aussi bons du Trésor américain ou gilts britanniques) et obtenir des taux d'intérêt annuels de 5% et plus (en 2009 pour la dernière fois sur le Bund) !
Mais les gérants spécialisés considèrent rarement les Bunds comme des investissements purement "buy-and-hold" (à détenir jusqu'à l'échéance). Un coup d'œil aux statistiques révèle une autre histoire: ainsi l'an dernier, alors que presque tous les actifs ont généré des pertes, les Bunds à dix ans, malgré un rendement déjà extrêmement faible, ont enregistré une performance positive de 2,7%. Depuis le début de l'année, les titres allemands ont enregistré une performance de 1,8%, dépassant assez nettement les attentes.
L'explication à ne pas perdre de vue, révèle DWS est qu'arithmétiquement les rendements baissent lorsque les prix des obligations augmentent... Et vice versa. Si les rendements devaient augmenter, par exemple en raison d'un rebond de l'inflation, cela aurait pour effet à la fois de faire baisser les prix des obligations et d'éroder la valeur réelle des titres. Et ces effets de prix sont particulièrement prononcés pour les obligations à plus longue échéance (plus sensibles à l'inflation), note la société de gestion.
Pourquoi alors serait-il encore logique de détenir des obligations souveraines allemandes, maintenant qu'elles semblent avoir atteint le point de non-retour ? Tout simplement car les rendements peuvent carrément tomber en territoire négatif, entraînant une hausse des prix des obligations et une performance positive, même en l'absence de tout revenu.
Par conséquent, même avec un rendement nul, on pourrait vouloir conserver certains Bunds, note DWS, du moins à des fins de diversification. En cas de nouvelle bourrasque sur les marchés, cela pourrait aider à mitiger les risques par rapport au reste de son portefeuille, comme l'a rappelé la séquence observée fin 2018.