(BFM Bourse) - La Bourse de Paris vient d'enregistrer à quelques jours d'écart des baisses telles qu'on n'en observe habituellement qu'une fois en plusieurs années. Et le vent de panique ne paraît pas devoir s'apaiser de sitôt. Ce qui amène à se demander jusqu'à quel point la glissade pourrait aller avant de voir l'indice suspendu.
Une chute de 3,94% lundi 24 février, de 4,14% ce vendredi... Il faut remonter plusieurs années en arrière pour trouver d'aussi brutales corrections intraday.
En l'occurrence, la baisse avait été encore plus importante au lendemain du référendum sur la sortie de la Grande-Bretagne de l'Union européenne: le 24 juin 2016, le CAC 40 avait perdu 8,04% à 4.106,73 points, qui marquait pour le coup l'une des plus fortes baisses de toute son histoire.
Face au risque de volatilité, la question revient fréquemment de l'intérêt de prévoir des coupe-circuits pour arrêter les cotations - en priant que cela permette aux esprits de se calmer entre temps. Le principe en soi est sujet à débat puisqu'il revient à éteindre le thermomètre sans forcément traiter l'affection sous-jacente. En pratique, la première difficulté est de fixer des niveaux objectifs. Un krach est défini comme un fort ajustement des cours à la baisse sur une durée courte. Soit, mais de combien exactement: 10% en une séance ? 15% ? Ou 20% en une semaine ? Au-delà de l'appétence psychologique pour les chiffres ronds, il n'existe évidemment pas de mesure universellement définie.
Une chute de 22% sur un jour à Wall Street en 1987
À titre de comparaison, le repli avait été de 7,28% le jour du 11 septembre 2001, et le record de chute quotidienne remonte au 6 octobre 2008: -9,04% en pleine crise financière à la suite de la faillite de Lehman Brothers, intervenue trois semaines auparavant. Ces séances ne sont toutefois pas usuellement qualifiées de krach.
Le dernier grand krach boursier semble remonter à 1987 avec une chute de 22,6% à Wall Street le 19 octobre de cette année-là... Mais le CAC 40 n'a été mis en place que l'année suivante, l'historique de l'indice parisien ne reflète donc pas cette fameuse crise.
Quoi qu'il en soit la réédition d'une baisse aussi forte que celle du Dow Jones le "lundi noir" de 1987 semble peu probable aujourd'hui. À la suite de cette chute (encore supérieure à celle observée au pire de la crise de 1929), le New York Stock Exchange a commencé à mettre en place des pare-feu pour empêcher qu'une aussi forte baisse se développe à l'avenir. Concrètement, les échanges sont suspendus momentanément à partir de 7% puis 13% de baisse. Enfin le seuil de 20% de baisse ne peut plus être dépassé, puisqu'il est prévu tout simplement de clore la séance si la Bourse de New York arrive à une telle extrémité.
Les règles en vigueur sur le CAC
Les autres opérateurs de marché ont pris des précautions plus ou moins équivalentes. S'agissant du CAC 40, la cotation de chaque valeur de l'échantillon vedette est momentanément suspendue à partir de 10% de recul. La durée de la suspension est de 3 minutes lorsque ce seuil est touché une première fois, puis 10 minutes s'il est touché à nouveau après la reprise. Et dans l'hypothèse où 80% des valeurs de l'indice seraient touchées, l'ensemble de la cotation de l'indice serait suspendue.
En pratique, l'opérateur se réserve toujours le droit de suspendre la publication du niveau de l'indice "si elle estime que les circonstances empêchent le bon calcul de l'indice" ou "pour empêcher ou arrêter un fonctionnement erratique du marché".