(BFM Bourse) - En l'espace de deux mois, le marché parisien a refait les deux tiers du terrain perdu cet été après l'alerte sur la crise du subprime. Le rebond peut-il se poursuivre ? Quelle stratégie adopter dans un environnement macroéconomique compliqué ? Jean-Charles Naudin, gérant des fonds Etoile Euro Opportunités et Etoile Santé répond aux questions de Tradingsat.com.
Tradingsat.com : Quels sont les moteurs des marchés actions à l'heure actuelle ?
Jean-Charles Naudin : La liquidité mondiale demeure très abondante. La propension à épargner des pays émergents, qui tirent la croissance mondiale est très élevée. C'est le cas en particulier de la Chine ou de certains pays producteurs de pétrole. Or, si la liquidité a déserté les dérivés de crédit, elle demeure en revanche une caractéristique importante des marchés d'actions.
Le deuxième moteur de la hausse des marchés est directement lié au changement de discours de la Fed. En baissant ses taux de 50 points de base le 18 septembre dernier, la réserve fédérale a envoyé un signal fort au marché.
Tradingsat.com : Ce qui peut expliquer la myopie apparente des investisseurs face à des statistiques macroéconomiques mitigées ?
Jean-Charles Naudin : Je le pense. Le passage entre Greenspan et Bernanke s'est fait avec beaucoup d'incertitude. Or les marchés commencent à prendre conscience de l'existence du « Put Bernanke », en référence au « Put Greenspan », terme reflétant la foi des investisseurs en la volonté et la capacité du président de la Réserve Fédérale américaine à agir, c'est-à-dire baisser les taux, pour relancer la machine économique. En conséquence, paradoxalement, plus le flux d'actualités macroéconomiques se dégrade, plus les marchés montent en raison de la valorisation de ce « put ».
Tradingsat.com : Jusqu'où les marchés peuvent-ils rebondir ?
Jean-Charles Naudin : Je trouve que cela va un peu trop vite, les plus hauts de l'année ont probablement déjà été atteints sur le marché parisien. Il serait vain à mon sens d'anticiper de multiples baisses de taux de la part de la Fed ou de la BCE, qui ont alerté plusieurs fois sur la nécessaire prise en compte du risque. Il faut bien comprendre que la BCE a relevé ses taux dans le but essentiellement de freiner la croissance de la masse monétaire. Ce n'est donc pas pour les rebaisser rapidement et faire repartir la spéculation. Nous sommes en phase d'assainissement salutaire de la création de liquidité associé à une meilleure prise en compte du risque par les banques.
Tradingsat.com : Dans ce contexte, quelle est votre stratégie au sein du fonds Etoile Euro Opportunités ?
Jean-Charles Naudin : Derrière le terme Opportunité, il y a le choix d'un "créneau", d'un thème, dans le cadre d'une gestion de conviction basée sur le "stockpicking". Aujourd'hui, ce sont les OPA, ainsi que les défensives. Il y a deux ans, nous aurions privilégié une gestion value, ou encore les technologiques il y a sept ans.
Tradingsat.com : L'OPA de SAP sur Business Objects ne vous a donc pas pris au dépourvu…
Jean-Charles Naudin : Nous détenions en effet du Business Objects en portefeuille. L'offensive de SAP va vraiment à l'encontre du discours habituel des dirigeants, centré sur la croissance organique. Le fait qu'ils lancent aujourd'hui une offre sur Business Objects alors même que celui-ci émet une alerte sur ses résultats, me fait croire qu'une contre-offre d'un concurrent était peut-être imminente et toujours possible, ce qui m'incite à conserver mes titres.
Tradingsat.com : En pesant sur le financement des emprunteurs potentiels, la raréfaction des liquidités a-t-elle donné un coup de frein aux OPA ?
Jean-Charles Naudin : Les LBO ont certes un petit peu plus de mal à lever des fonds. Mais l'écart demeure suffisamment significatif entre le coût de l'accès au crédit pour une société et la rentabilité d'un euro investi dans une opération de croissance externe. Les OPA demeurent donc un mode d'investissement tout à fait attractif.
Tradingsat.com : Quels autres dossier regardez-vous de près ?
Jean-Charles Naudin : Vallourec. De mon point de vue, une offre d'un champion mondial de l'acier ou d'un producteur de pétrole est totalement crédible. Nous aimons aussi aussi Atos Origin, qui est sous la pression des fonds Pardus et Centaurus. Dans l'aéronautique, Safran pourrait intéresser Thales et Zodiac pourrait intéresser Safran.
Hors « situations spéciales », nous apprécions les défensives Sanofi-Aventis, Danone ou quelques rares cycliques mal valorisées comme Capgemini et Peugeot. Au 28 septembre, le fonds Euro Opportunités affichait une progression de 8.53% depuis le début de l'année, à comparer à une hausse de 6.28% de l'indice DJ Euro Stoxx.
Tradingsat.com : Quels types de valeurs trouve-t-on au sein du fonds Etoile Santé. Les biotechnologies sont-elles représentées ?
Jean-Charles Naudin : Il m'est arrivé en effet de détenir des actions NicOx en portefeuille. L'un des thèmes prépondérants du fonds est néanmoins celui du vieillissement de la population via les maisons de retraites, dont la visibilité est très élevée, compte tenu des besoins d'assistance des personnes dépendantes. Ou encore les appareils auditifs ou les lunettes. Orpéa, Audika et Essilor sont des lignes importantes d'Etoile Santé. Stallergènes, bien positionné sur le segment de niche de l'allergie, figure également dans le portefeuille. La valeur a également une dimension spéculative
Propos recueillis par F.B.
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