(BFM Bourse) - Le groupe issu de la fusion entre Peugeot SA et Fiat Chrysler a annoncé lundi tabler sur une marge opérationnelle courante comprise entre 5,5% et 7% en 2024 et anticiper un décaissement de trésorerie industrielle situé entre 5 milliards et 10 milliards d'euros.

L'exercice 2024 risque bien de rester comme une "annus horribilis" pour Stellantis. Le constructeur automobile issu de la fusion entre Fiat Chrysler Automobiles et Peugeot SA a perdu une grande partie de son crédit auprès du marché ces derniers mois. La faute notamment à des résultat semestriels, publiés en juillet, en chute libre.. La société est confrontée à d'importantes difficultés sur son marché le plus important, l'Amérique du Nord, où Stellantis peine à réduire ses stocks.

Signe de la gravité de la situation, le directeur général, Carlos Tavares a écourté ses vacances, fin août, pour se rendre au siège nord-américain afin de résoudre ces difficultés.

La tâche s'avère herculéenne. Pour remettre d'équerre cette situation et réduire ses stocks américains, Stellantis a décidé de mettre en place "des actions correctives" qui vont encore obérer ses comptes au second semestre 2024.

En conséquence, la société franco-italo-américaine a été contrainte de passer un lourd avertissement sur résultats, ce lundi.

A la Bourse de Paris, l'action encaisse mal le choc. Le titre Stellantis abandonne 14% à 12,5 euros, vers 10h10 ce lundi.

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Une marge largement inférieure à 10%

Pour l'exercice 2024, le groupe dirigé par Carlos Tavares a annoncé qu'il tablait désormais sur une marge opérationnelle courante entre 5,5% et 7%, alors qu'il anticipait auparavant sur un taux au moins égal à 10%.

De plus, la société a indiqué prévoir un flux de trésorerie libre industriel négatif allant de -5 milliards à -10 milliards d'euros alors qu'elle comptait auparavant générer un cash-flow positif.

Cet abaissement des perspectives est donc en grande partie dû aux mesures prises pour écouler les stocks américains. Stellantis a annoncé sa volonté de réduire ses stocks aux Etats-Unis à 330.000 unités chez les concessionnaires à fin 2024, objectif que le groupe comptait précédemment atteindre à la fin du premier trimestre 2025.

"Les actions comprennent une baisse des ventes au réseau en Amérique du Nord de plus de 200 000 véhicules au second semestre 2024 (contre 100 000 selon les prévisions précédentes) par rapport à la même période de l’année précédente, une augmentation des promotions sur les véhicules des années modèles 2024 et antérieures, et des initiatives d’amélioration de la productivité qui englobent à la fois des ajustements de coûts et de capacité", a développé Stellantis.

L'impact de ces "mesures correctrices" explique pour les deux-tiers l'abaissement de l'objectif de marge. Le reste est dû à "la détérioration du contexte automobile", avec une prévision de marché 2024 en baisse par rapport au début de l'année, "alors même que la concurrence s’est intensifiée en raison de l’augmentation de l’offre et d’une concurrence Chinoise accrue", poursuit Stellantis. Les ventes du second semestre seront ainsi inférieures aux attentes "dans la plupart des régions" a prévenu l'entreprise.

Oddo BHF jette l'éponge

Quant à l'abaissement de la prévision de flux de trésorerie, elle est due à la perspective plus basse de marge opérationnelle courante ainsi qu'à a bond du besoin en fonds de roulement sur la seconde partie de 2024.

"L’entreprise va continuer à mettre à profit et à étendre ses différenciateurs concurrentiels et estime que les actions de redressement mises en place permettront une performance opérationnelle et financière plus solide en 2025 et au-delà".

Cet avertissement a conduit Oddo BHF à jeter l'éponge ce lundi. Le courtier a revu à la baisse son conseil passant de "surperformance" à "neutre", avec un objectif de cours réduit à 12 euros contre 22 euros.

Du "temps est nécessaire pour rétablir la crédibilité après une alerte d'une telle ampleur", juge Oddo BHF . Le courtier juge que la magnitude de cet avertissement provoque "un choc" et questionne la visibilité de la direction l'activité de la société ainsi que sa crédibilité.

Ayant perdu "foi/confiance", Oddo BHF considère que cet avertissement "soulève donc trop de questions sur la gouvernance à la tête du groupe pour qu'un retournement de situation puisse se produire rapidement et confirme que l'approche conflictuelle adoptée avec toutes les parties prenantes (employés, concessionnaires, fournisseurs, gouvernements et maintenant même investisseurs) n'était pas la bonne".