(BFM Bourse) - Rémy Cointreau a dévoilé des résultats inférieurs aux attentes sur les six premiers mois de son exercice décalé, qu'il impute notamment au mouvement de contestation à Hong Kong.
La situation à Hong Kong ne pèse pas seulement sur la tonalité des discussions entre Pékin et Washington mais aussi sur les résultats des entreprises hexagonales exportatrices, à l'instar de Rémy Cointreau. Le groupe de spiritueux, dont les origines remontent à 1724 et qui possède un portefeuille de marque dont la renommée est internationale (les cognacs Rémy Martin et Louis XIII, la liqueur Cointreau, le spiritueux grec Metaxa, le rhum Mount Gay ou le brandy St-Rémy) a en effet dévoilé des résultats inférieurs aux attentes, en raison notamment du mouvement de contestation dans l'ex-colonie britannique.
Entre avril et septembre, période correspondant au premier semestre de son exercice décalé, Rémy Cointreau a vu son bénéfice net progresser de 3,5% en données publiées à 90,5 millions d'euros. Hors éléments exceptionnels en revanche -notamment la cession d'activités de distribution en Europe de l'Est au printemps- ce bénéfice net ressort à 84,6 millions d'euros, en recul de 5,6% par rapport aux six premiers mois de l'exercice précédent. Le résultat opérationnel courant (ROC) du groupe a également chuté de 4,7% à 138,3 millions d'euros à changes et périmètre constants. Un chiffre qui ressort également en-deçà du consensus réalisé par l'entreprise sur la base des prévisions de 15 analystes puisque celui-ci misait sur une contraction de 0,6% à 143,3 millions d'euros.
Chute du tourisme à Hong Kong
Même dans la division cognac du groupe, qui a poursuivi sa croissance (2,1% en organique) avec "une dynamique de marques restée excellente en Chine", mais "modérée par la chute du tourisme à Hong Kong et la reconstitution des stocks plus lente que prévu chez les détaillants américains", les ventes ont progressé de 0,9% (à 126,9 millions d'euros) quand les analystes tablaient sur une hausse de 1,4%.
Ces résultats décevants surviennent alors que la directrice générale Valérie Chapoulaud-Floquet, qui a entreprise et réussi le repositionnement du groupe sur les produits haut de gamme, quittera ses fonctions le 1er décembre. Elle sera remplacée par Eric Vallat, l'ancien directeur de la mode et des accessoires chez Richemont. Lors de sa dernière conférence téléphonique avec les analystes, Valérie Chapoulaud-Floquet s'est montrée prudente sur la situation à Hong Kong, territoire sur lequel anticipe une activité "assez mauvaise" pour le second semestre de l'exercice, sans amélioration rapide.
En Chine continentale en revanche, le groupe détenu à 55% par la famille Hériard-Dubreuil via sa holding Andromède SAS anticipe une "activité assez bonne" au second semestre. Le directeur financier Luca Marotta a d'ailleurs précisé que l'objectif d'une croissance des ventes à deux chiffres pour l'ensemble de l'exercice 2019-2020 était maintenu sur cette zone géographique.
À la Bourse de Paris, le titre Rémy Cointreau pâtit de ces annonces et cède 3,8% à 115,5 euros à 16h, dans un volume d'échanges relativement étoffé (0,4% du capital) compte tenu de la désertion des opérateurs en ce jour de Thanksgiving où Wall Street reste fermé.
"Devenir le leader mondial des spiritueux d'exception"
"Dans le cadre géopolitique actuel, Rémy Cointreau anticipe un ROC stable" sur l'ensemble de l'exercice - et en légère hausse sur les marques du groupe. Le groupe maintient par ailleurs son objectif annoncé en mai dans le sillage de la présentation de ses comptes annuels, celui de réaliser entre 60 et 65% de ses ventes grâce au cognac, la marge opérationnelle de la division Rémy Martin s'élevant à 33,4% contre 26,4% pour l'ensemble des marques du groupe. L'objectif de porter la part des ventes de cognac à 60-65% du total "à moyen terme" apparaît toutefois particulièrement ambitieux, la maison Rémy Martin n'ayant contribué qu'à hauteur de 24% du chiffre d'affaires sur les six premiers mois de l'exercice 2019-2020.Rémy Cointreau a par ailleurs réitéré son ambition de devenir "le leader mondial des spiritueux d'exception". Il anticipe également que sa marge opérationnelle courante continuera de bénéficier de sa stratégie de valeur, notamment grâce à ses "spiritueux d'exception" dont le prix de vente unitaire est supérieur à 50 dollars.
Les brokers maintiennent leurs recommandations
Selon Jefferies, les nouveaux objectifs impliquent une révision à la baisse de 3 à 7% du consensus sur le résultat opérationnel courant, les analystes soulignant notamment la faible visibilité du groupe quant à un retour à meilleure fortune sur le segment du cognac à Hong Kong et aux États-Unis. Malgré cela, le courtier a maintenu sa recommandation à "conserver" et son objectif de cours fixé à 115 euros. Dans une note publiée avant-Bourse jeudi matin, UBS redoutait également un repli du titre mais réitéré son avis neutre et laissé sa cible inchangée, à 125 euros.Recevez toutes les infos sur REMY COINTREAU en temps réel :
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