PARIS (Reuters) - L'Autorité des marchés financiers (AMF) s'est déclarée jeudi attentive à la préservation des enjeux de régulation et des intérêts de la place de Paris dans le cadre du projet de fusion des opérateurs boursiers Deutsche Börse et Nyse Euronext.
Deutsche Börse a déclaré mercredi être en discussions avancées en vue de racheter Nyse Euronext, une opération qui donnerait naissance au premier opérateur boursier mondial et verrait le temple du capitalisme américain passer partiellement sous pavillon étranger.
"C'est un projet qui fait sens au plan industriel, une opportunité pour les entreprises et les places concernées, mais c'est un projet qui concerne aussi des infrastructures régulées, systémiques, essentielles au bon fonctionnement et au développement de la place de Paris", a déclaré à Reuters une porte-parole du gendarme des marchés financiers français.
"Aussi l'AMF veillera, aux côtés des autres autorités compétentes, à ce qu'un juste équilibre soit trouvé entre les différentes places financières concernées par ce projet. Il s'agit non seulement d'un enjeu industriel mais aussi de régulation", a-t-elle ajouté.
PROBLÈME DE CONCURRENCE
Si la création de cette plate-forme fait craindre à certains observateurs une marginalisation de la Place de Paris, d'autres responsables jugent qu'elle comporte des risques en matière de concurrence, un enjeu que la Commission européenne pourrait examiner très sérieusement.
"Le dernier enjeu (que pose cette fusion) est la position de la Commission européenne, si cette fusion va jusqu'au bout ils auront un monopole sur les dérivés en Europe", a indiqué jeudi lors d'une conférence de presse à Bruxelles Alain Papiasse, responsable de la banque de financement et d'investissement de BNP Paribas.
Pour des avocats spécialisés dans le droit de la concurrence européen joints par Reuters, ce projet de fusion est loin d'être acté par les autorités régulatrices tant nationales qu'européenne.
"Considérant que la fusion créera la plus grande Bourse du monde, il y a beaucoup de questions à régler en terme d'activité, de régulation et de concurrence", a commenté Susanne Rueckert, une avocate au cabinet de droit boursier allemand FPS.
"Ce sera donc un test parfait pour savoir si les autorités nationales sont prêtes à faire des concessions dans le cadre de la poursuite de la mondialisation des marchés financiers", a-t-elle encore réagi.
David Wood, un avocat au cabinet Gibson Dunn et un ancien membre du département antitrust de la Commission européenne, a aussi indiqué à Reuters qu'outre les enjeux de concentration horizontaux, les autorités de concurrence regarderont de près les impacts "post-trading", c'est-à-dire par exemple la compensation des transactions.
Julien Ponthus, Lionel Laurent, Matthieu Protard et Foo Yun Chee à Bruxelles, édité par Jean-Michel Bélot
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