par Julien Ponthus et Matthieu Protard
PARIS (Reuters) - François Pérol, le nouveau patron des Banques populaires et des Caisses d'épargne, a désigné mercredi un nouveau directeur à la tête de Natixis et promis lors d'une audition au Sénat de réformer en profondeur le fonctionnement de la banque d'investissement des deux groupes mutualistes.
L'actuel directeur général de Natixis, Dominique Ferrero, restera comme conseiller de François Pérol et sera remplacé par Laurent Mignon, actuellement associé gérant de la société de services financiers française Oddo & Cie.
"Je crois qu'il est nécessaire d'entamer une nouvelle phase dans la gestion de Natixis et j'ai proposé de l'entamer avec un homme neuf", a déclaré aux sénateurs François Pérol qui a assuré ne pas vouloir désigner des boucs émissaires pour les pertes colossales essuyées par la banque.
Introduite au prix de 19,55 euros fin 2006, l'action de Natixis a perdu 85,54% de sa valeur en 2008, année au cours de laquelle la banque, détenue à 71% par l'Ecureuil et les Banques populaires, a perdu près de 2,8 milliards d'euros.
"Je suis conscient des enjeux mais je pense avoir une bonne connaissance de tous les métiers de Natixis et la volonté de relever le défi", a déclaré à Reuters Laurent Mignon, qui a passé dix ans au sein du groupe d'assurance AGF avant de rejoindre Oddo, à l'été 2007.
Agé de 45 ans et diplômé de HEC, il a aussi été responsable en 1996, au sein de la banque anglaise Schroders, des activités de fusion-acquisition pour les institutions financières en France.
UNE ASSEMBLÉE GÉNÉRALE QUI S'ANNONCE HOULEUSE
Natixis tiendra jeudi une assemblée générale qui s'annonce houleuse en raison du mécontentement de nombreux actionnaires individuels et des interventions d'ores et déjà prévues par des associations d'investisseurs.
"Il est important que les millions de petits épargnants, qui se sont retrouvés spoliés suite à leur investissement dans Natixis, comprennent pourquoi leur investissement a été divisé par 10 en l'espace de deux ans", indique par exemple le cabinet Deminor dans un communiqué de presse diffusé mercredi.
François Pérol a répété que Natixis ne ferait plus d'investissements pour son compte et que ses activités de banque d'affaires seraient mises au service de ses clients et du réseau des Banques populaires et de l'Ecureuil.
"L'activité pour compte propre engendrait des risques trop importants pour des résultats trop aléatoires", a admis François Pérol qui a aussi estimé que la nouvelle gouvernance avec conseil d'administration serait plus efficace que le directoire qui avait dirigé la banque jusqu'à présent.
"La période où de longs débats pouvaient se clore sans prise de décision rapide est révolue", a-t-il ajouté.
NOUVELLES DÉPRÉCIATIONS POSSIBLES
Car Natixis n'est toujours pas tiré d'affaire et la banque pourrait être contrainte de passer de nouvelles dépréciations dans son portefeuille d'actifs à risques ou illiquides.
"Ces actifs sont soumis à des stress extrêmement importants qui pourraient conduire dans le futur à de nouvelles dépréciations", a déclaré François Pérol aux sénateurs.
Il a également indiqué vouloir démontrer, par ses résultats, sa légitimité à la tête des deux banques mutualistes.
Sa nomination à la tête de la future deuxième banque française avait suscité une vive polémique et plusieurs responsables politiques et syndicaux s'étaient inquiétés des risques de conflit d'intérêt.
Ces derniers ont estimé qu'en tant qu'ancien conseiller économique du chef de l'Etat, François Pérol avait eu à traiter le dossier lié à la fusion des deux banques mutualistes.
Vers 16h50, le titre Natixis était en baisse de 1,12% à 1,75 euro, sous-performant l'indice sectoriel DJ Stoxx des banques européennes en hausse à 3,88%.
avec Sudip Kar-Kupta, édité par Pascale Denis
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