par Matthieu Protard
PARIS (Reuters) - François Pérol, le président de la future banque Banque populaire-Ecureuil, a déclaré mercredi que Natixis, filiale des deux groupes mutualistes, avait présenté un risque de nature systémique, justifiant ainsi l'aide financière de l'Etat français.
Plombée par la crise financière internationale, la banque, créée en 2006 et détenue à 71% par les Banques populaires et les Caisses d'épargne, a accusé l'an dernier une perte nette de près de 2,8 milliards d'euros et procédé à l'isolement de 31 milliards d'euros d'actifs financiers risqués.
Le cours en Bourse de Natixis s'est effondré de 85,54% en 2008. La banque a déjà été recapitalisée à hauteur de 5,6 milliards d'euros depuis l'été dernier, dont 1,9 milliard provenant du plan de soutien au secteur bancaire.
"Natixis a présenté un risque de nature systémique", a déclaré l'ancien secrétaire général adjoint de l'Elysée, auditionné par la commission des Finances de l'Assemblée nationale.
"Nous avons appris de cette crise qu'une crise de liquidité peut en 24 heures emporter un établissement", a-t-il souligné.
François Pérol, qui est depuis début mars président du conseil de surveillance de Natixis, a rappelé à cette occasion que la banque avait entamé un recentrage de sa banque de financement et d'investissement, activités les plus touchées par la crise.
"Ce recentrage, il m'appartient d'évaluer s'il est suffisant, s'il est correctement exécuté et s'il permet de développer un modèle de banque de financement et d'investissement durablement rentable", a-t-il souligné.
"Natixis assure à peu près 10% du financement des grandes entreprises françaises", a relevé François Pérol.
UNE FUSION NÉE "DANS L'URGENCE", PAS "DE L'URGENCE"
Prié par les députés de commenter la plainte pour présentation de comptes inexacts contre Natixis, François Pérol s'est abstenu de tout commentaire.
Un groupe d'environ 90 actionnaires de Natixis, emmené par Colette Neuville, présidente de l'Association de défense des actionnaires minoritaires (Adam), a déposé une plainte pour informations trompeuses, pour présentation de comptes inexacts et distribution de dividendes fictifs.
Revenant sur la fusion des Banques populaires et des Caisses d'épargne, François Pérol a voulu relativiser le rôle joué par l'Etat français, expliquant que les deux banques réfléchissaient à un rapprochement depuis plusieurs années mais que la crise avait accéléré les discussions.
"Le rapprochement entre les deux banques est né dans l'urgence. Il n'est pas né de l'urgence", a insisté le patron des Banques populaires et des Caisses d'épargne qui touchera pour ses fonctions une rémunération brute annuelle de 550.000 euros, sans bonus pour l'exercice 2009.
Les deux groupes "débattent de ce rapprochement depuis des années", a-t-il ajouté. "En octobre dernier, les dirigeants des deux groupes ont annoncé ce rapprochement. Ils l'ont annoncé parce qu'il leur a semblé que le contexte créé par la crise financière nécessitait d'accélérer le mouvement".
Selon lui, l'Etat français n'est pas à l'origine de ce rapprochement. Il participera à la création du nouvel ensemble en apportant cinq milliards d'euros.
"C'est une décision qui a été prise par les dirigeants des deux groupes. Ce n'est pas une décision qui a été prise par le gouvernement", a souligné François Pérol.
PÉROL VA "RÉGULARISER" LA SITUATION DE CHARLES MILHAUD
L'ancien conseiller du chef de l'Etat a en revanche justifié les pressions exercées tant par le gouvernement que par l'Elysée pour accélérer la fusion, rappelant qu'en plus du contexte de crise financière, les Caisses d'épargne avaient subi à l'automne dernier une perte de trading de 751 millions d'euros.
Il a indiqué que l'Elysée, le gouvernement et le régulateur bancaire avaient demandé que "ce rapprochement se fasse vite. Car rien ne permettait de penser à l'époque que le contexte financier allait s'améliorer".
Les deux banques ont terminé 2008 avec des comptes dans le rouge, avec une perte nette de 468 millions d'euros pour les Banques populaires et de deux milliards d'euros pour les Caisses d'épargne.
La perte de trading avait par ailleurs contraint en octobre dernier Charles Milhaud, alors patron de l'Ecureuil, à la démission.
François Pérol a confirmé devant les députés que Charles Milhaud était encore au sein des Caisses d'épargne en tant que président du conseil de surveillance d'Océor, le pôle de banque commerciale de l'Ecureuil à l'international et en outre-mer.
"C'est une situation qu'il conviendra de régulariser dans un avenir proche. J'en discuterai avec lui", a déclaré le patron des Caisses d'épargne.
Vers 17h30, le titre Natixis gagnait 0,99% à 1,42 euro. A ce cours, il a repris 13,6% de sa valeur depuis le début de l'année.
Edité par Jean-Michel Bélot
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