par Yann Le Guernigou
PARIS (Reuters) - Natixis publie un bénéfice symbolique pour les trois premiers mois de 2008, évitant de tomber dans le rouge pour le deuxième trimestre consécutif malgré de nouvelles dépréciations d'actifs liées à la crise des marchés du crédit.
Dans un communiqué, la filiale des Banques populaires et des Caisses d'épargne, qui avait perdu 900 millions d'euros au quatrième trimestre 2007, a fait état pour la période d'un résultat net, part du groupe, positif de 69 millions, qui se compare à un bénéfice de 551 millions un an plus tôt. Hors charges de restructuration, il s'élève à 105 millions d'euros.
Les analystes interrogés par Reuters anticipaient en moyenne une nouvelle perte de 80 millions d'euros.
Créée fin 2006, la banque a annoncé en même temps que ses résultats la mise en oeuvre d'un plan visant à réduire sa base de coûts fixes de 10%, soit 400 millions d'euros, à l'horizon 2009.
La crise ayant remis en cause ses perspectives de revenus, ce plan vise à atteindre l'objectif initial de rentabilité des fonds propres de 16% à l'horizon 2010.
Le résultat brut d'exploitation du premier trimestre a été positif de 108 millions d'euros, alors qu'il était attendu négatif de 179 millions, et les revenus sont ressortis à 1.366 millions (consensus à 1.041 millions).
Le seul pôle banque de financement et d'investissement (BFI) a accusé une perte nette de 145 millions d'euros, contre un bénéfice de 249 millions au premier trimestre 2007, avec des revenus divisés par plus de deux, à 429 millions.
SUPPRESSIONS D'EMPLOIS
Ceux-ci ont été impactés par 431 millions d'euros de dépréciations et une perte de trading de 126 millions d'euros, Natixis enregistrant parallèlement 149 millions d'euros de gain comptable exceptionnel lié à la dévaluation du coût de sa dette.
D'autres dépréciations, d'un montant de 31 millions d'euros, ont été comptabilisées dans le pôle gestion d'actifs.
La crise des marchés du crédit avait déjà coûté 1.842 millions d'euros à Natixis en 2007 sous la forme de dépréciations, provisions spécifiques et d'une moins-value sur la cession à ses deux maisons mères du rehausseur de crédit CIFG, très actif aux Etats-Unis.
Elle a été ainsi, relativement à sa taille, l'établissement français le plus touché l'an passé, payant le prix du poids prépondérant (47% de ses revenus en 2006) de la BFI dans son portefeuille d'activités.
Comme elle l'avait laissé entendre à l'occasion de la publication de ses résultats 2007, en mars, les fonctions centrales seront touchées par le nouveau plan d'économies mais aussi les métiers, tout particulièrement ceux de la BFI pour les activités qui souffrent le plus de la crise actuelle. Natixis emploie 24.000 personnes et le communiqué ne chiffre pas les suppressions d'emploi envisagées.
Avec la BFI, la gestion d'actifs a souffert au premier trimestre, affichant des baisses de 22% de ses revenus et de 31% de son résultat net, à 50 millions d'euros. Mais elle a aussi enregistré une collecte nette positive de 11 milliards d'euros, une belle performance dans l'environnement de marché actuel.
EVOLUTIONS CONTRASTEES
Les autres pôles ont connu des évolutions contrastées, très positives pour la banque privée/capital investissement ou les services, négative pour l'assurance crédit dont la contribution a diminué de 13% malgré une hausse de 2% de ses revenus.
Enfin, la contribution des réseaux des Banques populaires et des Caisses d'épargne, consolidés à 20% dans Natixis, a diminué d'un tiers, à 84 millions d'euros.
Hors variation des provisions sur l'épargne logement, élément volatil, les revenus combinés des deux réseaux ont diminué de 3% en raison "d'ajustements de valeurs sur des instruments financiers". Natixis assure que ce début 2008 "n'est pas représentatif, pour les deux réseaux, de la performance attendue sur l'ensemble de l'année".
La banque dispose d'une situation financière solide avec un ratio Tier 1 de 8% au 31 mars, qui a augmenté de 0,4 point avec l'émission en avril de 700 millions d'euros de titres de capital hybrides.
Son actif net par action s'établissait à 13,43 euros à fin mars, un niveau qui est nettement au-dessus de son cours de Bourse (10,62 euros mercredi en clôture).
Une des plus mauvaises performances de l'univers bancaire européen en 2007, avec un recul de 38,25%, l'action Natixis reste encore à la traîne de l'indice du secteur depuis le début de l'année. Elle perd 19,2% en 2008, contre 14,65% pour l'indice DJ Stoxx des banques européennes.
Yann Le Guernigou
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