(BFM Bourse) - Le titre Lagardère recule mardi en Bourse tandis que le Financial Times rapporte avoir pris connaissance des comptes de LC&M, la holding personnelle d'Arnaud Lagardère. Le dirigeant du groupe serait endetté au-delà de la valeur résiduelle de sa participation.

Via sa holding personnelle LC&M (Lagardère Capital & Management), Arnaud Lagardère apparaît désormais endetté au-delà de la valeur de sa participation dans le groupe Lagardère, au risque d'en perdre le contrôle si la créanciers exigent leur dû, rapporte le Financial Times. L'action Lagardère reculait de 2,3% à 18,95 euros mardi vers 10h00 à la suite de la diffusion de l'article du journal britannique.

Via LC&M, Arnaud Lagardère détient encore 7,33% du capital du groupe fondé par son père Jean-Luc, propriétaire des éditeurs Hachette, Fayard ou encore Dunod, des réseaux de boutiques Relay ou Aelia Duty Free ainsi que d'actifs dans les médias et le divertissement.

Selon le Financial Times, qui a eu connaissance de comptes non publiés de LC&M (la holding ne communique plus ses comptes depuis 2010), l'endettement de cette entité atteignait 204 millions d'euros à la fin 2017. Parallèlement, la valeur de sas participation dans le groupe Lagardère est descendue à 185 millions d'euros (à la clôture du 26 août).

Le document de référence 2018 de Lagardère Capital & Management a nanti 9.597.121 actions Lagardère, soit 7,32% du capital, c'est-à-dire la quasi-totalité (99,9%) de la participation du dirigeant. Autrement dit, ces titres servent de garantie à des prêts accordés à Arnaud Lagardère.

"Si les banques réclament leurs prêts, la participation de M. Lagardère dans l'entreprise fondée par son père pourrait être balayée - à moins qu'il ne dispose d'actifs liquides n'apparaissant pas dans les comptes [de LC&M]", en déduit le FT.

Les 23 et 24 mai derniers, Lagardère Capital & Management a vendu au total 88.026 actions Lagardère SCA pour un montant brut total de 2 millions d'euros, indiquant qu'il s'agissait du résultat d'un accord de long terme entre une banque et LC&M. Aux yeux du journal, cela pourrait indiquer que la holding a vendu des titres sous la pression des créanciers.

Or "la situation financière de M. Lagardère importe aux actionnaires minoritaires de Lagardère en raison de la façon dont le groupe de médias est structuré". La structure de société en commandite par action (SCA) dont Arnaud Lagardère est gérant commandité implique que bien que ne détenant que 7,33% des parts (à ce niveau il n'est même pas le premier actionnaire, Qatar Investment Authority détenant davantage à 13,03%), il garde la main-mise sur le groupe. Il ne peut être révoqué par les actionnaires, indique le quotidien britannique, mais il assume aussi l'entière responsabilité de la dette du groupe. L'importance de l'endettement "signifie que que M. Lagardère pourrait avoir d'autres intérêts que ceux des autres actionnaires".

La présidente de l'ADAM (Association de défense des actionnaires minoritaires) Colette Neuville, citée par le Financial Times, estime que Lagardère distribue des dividendes excessifs dans la mesure où le dirigeant dépend de cette manne pour payer les intérêts de son propre endettement. Elle juge que les actionnaires mériteraient de connaître la situation financière réelle d'Arnaud Lagardère, et les accords qui le lient aux banques.