(BFM Bourse) - Délaissé depuis le début de l'été, le titre Faurecia rebondit ce lundi à la faveur de l'acquisition de 60% du capital de l'équipementier allemand Hella, spécialisé dans les dispositifs d'éclairage. Le groupe tricolore se pose ainsi en consolidateur du secteur
Pas de trêve estivale dans les affaires: l'équipementier français Faurecia va racheter une part majoritaire dans son homologue allemand Hella et propose d'en acquérir la totalité pour créer un géant mondial de l'industrie. Selon les termes de l'accord conclu avec les membres de la famille fondatrice d'Hella, Faurecia va acquérir la part de 60% du capital au prix de 60 euros par action, en déboursant 3,4 milliards d'euros en numéraire et via l'émission de nouvelles actions.
Parallèlement, le spécialiste français des intérieurs de voitures, des sièges et des systèmes de dépollution va lancer une offre publique d'achat (OPA) en numéraire sur l'ensemble des titres restants au prix de 60 euros par action. L'ensemble de l'opération pourrait alors représenter une valeur d'entreprise estimée à 6,7 milliards d'euros, selon un communiqué de Faurecia - soit plus que la valorisation boursière de l'équipementier tricolore (5,7 milliards ce lundi vers 9h30). Le financement de la transaction se fera par de la dette, et "est entièrement sécurisé à l’aide d’un crédit-relais auprès de banques de premier rang".
Pour rappel, le titre avait chuté de 5,7% le 26 juillet dernier dans le sillage d'un point d'activité semestriel pourtant solide, les investisseurs s'étant alors inquiétés d'une éventuelle augmentation de capital. "Une augmentation de capital en cas d'acquisition est la seule explication de la faiblesse du titre parce que les résultats, la 'guidance', tout est en ordre et serait plutôt de nature à pousser le titre à la hausse", expliquait alors Pierre-Yves Quemener, analyste chez Stifel Europe.
7e fournisseur automobile mondial
Ce lundi, Faurecia rebondit largement à l'annonce de cette opération, le titre dominant le palmarès du SRD avec un gain de 6,1% à 40,79 euros, au plus haut depuis début juillet. L'action Faurecia reste cependant toujours en repli de près de 3% depuis le 1er janvier.
Basée à Lippstadt, Hella est spécialisé dans la fabrication de dispositifs d'éclairage et de composants électroniques. Le groupe compte 36.000 employés (contre 115.000 pour Faurecia) et 118 sites de production répartis à travers 39 pays.
Le rapprochement entre les deux groupes donnera naissance à "un acteur majeur dans les domaines de l'électronique et des logiciels (software), avec un chiffre d'affaires de 3,7 milliards d'euros" sur ce segment, ce qui en fera "le 7e fournisseur automobile mondial", indique Faurecia. Au total, le chiffre d'affaires combiné représente de l'ordre de 23 milliards d'euros cette année.
La clôture de l'opération, qui générera "une forte valeur pour tous les actionnaires", est prévue début 2022, selon le communiqué. Elle traduit la volonté de Faurecia de transformer sa stratégie en pleine transition du marché vers la mobilité zéro émission et d'investir "dans des segments à forte croissance", en mettant l'accent sur l'innovation dans les technologies mobiles. "Ensemble, nous serons idéalement positionnés pour répondre aux évolutions stratégiques qui transforment notre industrie", affirme Patrick Koller, directeur général du groupe.
Des groupes complémentaires
Parmi les objectifs visés: celui de réduire son exposition aux ventes de véhicules à moteur à combustion interne de 25% en 2020 pour Faurecia "à moins de 20% à la date de la réalisation de la transaction et à environ 10% en 2025". Ce sera l'une des tâches des 18.500 ingénieurs et spécialistes du nouvel ensemble qui "a l'intention de jouer un rôle de premier plan dans la décarbonation et la durabilité du secteur de la mobilité"."Faurecia et Hella se complètent parfaitement, notamment au niveau du portefeuille de produits et de la couverture du marché", abonde Rolf Breidenbach, directeur général de Hella, cité dans le communiqué. Le nouvel ensemble gardera ainsi une empreinte allemande: Lippstadt sera le siège de trois entités dont l'électronique et l'éclairage, et "des postes de direction seront confiés à des cadres de Hella" souligne le communiqué. Le "pool familial" de l'équipementier allemand rejoindra d'ailleurs les actionnaires de Faurecia "en détenant jusqu'à 9% de la nouvelle entité, avec un lock-up (une détention minimale, NDLR) de 18 mois". Un représentant de la famille fondatrice rejoindra par ailleurs le conseil d'administration de Faurecia, "démontrant l'engagement fort de la famille envers le nouveau groupe combiné" selon le communiqué.
Côté stratégie, il s'agit de capitaliser sur la forte présence de Faurecia en Chine, au Japon et sur le continent américain pour vendre la marque Hella, et sur les positions de Hella en électronique auprès des constructeurs automobiles allemands pour y accroître la part de marché de Faurecia. "Entre 300 et 400 millions d'euros de chiffre d'affaires provenant de synergies de revenus sont attendus d'ici 2025, ainsi qu'une optimisation des flux de trésorerie d'environ 200 millions d'euros par an en moyenne de 2022 à 2025", anticipe l'acquéreur.
Faurecia n'était pas seul en lice: le fabricant allemand de freins pour camions et trains Knorr-Bremse, un des leaders mondiaux du marché, avait exprimé son intérêt. Le nom d'un autre équipementier français, Plastic Omnium, circulait aussi en coulisses. Mais Faurecia avait l'avantage d'avoir noué dès 2018 avec Hella un partenariat destiné à développer des techniques personnalisées d'éclairage intérieur dans les voitures.
(avec AFP)
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