(BFM Bourse) - Entretien accordé à La Vie Financière par Vincent Taupin, Président-directeur général de Boursorama :

Comment justifiez-vous le prix élevé de 2007, payé pour OnVista ?

Nous avons déboursé 138 millions d'euros pour le premier portail financier en Allemagne. Il faut déduire de ce prix la trésorerie de 10 millions d'euros et tenir compte du fait qu'OnVista est une société en très forte croissance. Elle prévoit 26 millions d'euros de recettes publicitaires en 2007 et un résultat d'exploitation multiplié par 3, à 5 millions d'euros. Nous pourrons en outre faire jouer les synergies de coûts avec nos activités allemandes. On ne réalisera des économies sur les flux d'information qu'à partir de 2010. Mais, comme nous nous y sommes attachés pour Boursorama, nous allons utiliser le site OnVista pour étoffer notre fonds de commerce et accélérer notre recrutement de clients pour notre marque allemande Fimatex. Enfin, nous avons un report fiscal déficitaire de 15 millions d'euros accumulé outre-Rhin qui va pouvoir être absorbé.

N'est-ce pas tout de même un peu cher pour s'offrir une vitrine allemande ?

Internet devient l'outil de recrutement de clients par excellence. OnVista ne sera pas seulement la vitrine de nos activités de courtage et de collecte d'épargne allemandes. Ce site leader dans son domaine va profiter à plein de l'essor de la publicité en ligne et de tout ce que les annonceurs vont dépenser pour recruter de nouveaux clients.

Boursorama a maintenant, en France, une véritable activité bancaire. Avez-vous subi les effets de la crise du crédit ?

Nous n'avons aucun engagement de près ou de loin qui nous fasse craindre des pertes sur les crédits hypothécaires à haut risque américains. Boursorama n'a pas non plus de difficultés pour se refinancer. Les dépôts de 2,3 milliards d'euros dépassent les engagements de crédit (2,2 milliards d'euros) et les excédents sont placés avec pour contrepartie Société générale ou CaixaBank. J'ajouterai que la crise des subprimes offre plutôt des opportunités. Depuis août, j'observe un fort regain de volatilité sur les marchés, qui profite généralement aux volumes de transactions, même si les particuliers ne sont pas aussi actifs que les professionnels. Dans le domaine du crédit à l'habitat, la pression sur les marges qui nous avait obligés à sortir du marché se relâche et nous pouvons à présent proposer des offres concurrentielles à nos clients.

Votre activité bancaire se développe-t-elle au rythme escompté ?

Nous n'avons perdu que 11 % des encours d'épargne et 7 % des encours de crédit historiques de CaixaBank France. Mais la grande surprise a été de constater que les clients de Caixa étaient plus attachés au papier que nous ne le pensions et nous traitons encore beaucoup d'opérations par courrier. Les démarches d'ouverture de compte sont aussi un peu plus lourdes que la simple ouverture d'un compte de Bourse en ligne.

Allez-vous modifier vos objectifs?

Nous avons de réels atouts pour devenir une grande banque en ligne. Fin juin, notre offre avait séduit 6 000 clients. Pour poursuivre notre développement, notre principal challenge est de faire savoir que Boursorama est une banque à part entière, que, pour des clients actifs, notre offre est la meilleure du marché. Car notre organisation, construite à partir des outils de CaixaBank France, est particulièrement efficace. Chez nous, le client peut faire tout, et tout de suite, grâce à notre potentiel d'automatisation des opérations.

Après le rachat d'OnVista, avez-vous les moyens de réaliser d'autres acquisitions ?

Après le rachat de CaixaBank France en mai 2006, nous avions un excédent de fonds propres. Nous allons l'utiliser en payant cash l'acquisition d'OnVista. Notre ratio tier one va baisser de 11,7 à 5,5 % mais restera au-dessus du minimum requis par les autorités bancaires. Il s'améliorera à mesure que nous engrangerons des bénéfices. Si nous voulions faire une nouvelle acquisition dans l'immédiat, il nous faudrait procéder à une augmentation de capital. Et je pense que le développement de notre offre bancaire ainsi que l'intégration d'OnVista vont nous occuper quelque temps mais, qui sait...

Propos recueillis par Marie-Jeanne Pasquette