par Benjamin Mallet et Marie Maitre
PARIS (Reuters) - Le schéma retenu pour répondre aux besoins de financement d'Areva inclura très probablement une augmentation de capital et une cession du pôle Transmission et Distribution (T&D) du groupe nucléaire français, a-t-on déclaré à Reuters de sources proches du dossier.
"Une augmentation et/ou une ouverture du capital semble certaine. Il reste à définir quelle en sera la taille et qui participera à l'opération", a indiqué l'une des sources.
Selon une autre source, "la vente de T&D est très probable" et devrait s'accompagner d'une cession d'actifs non-stratégiques. "L'augmentation de capital sera ni plus ni moins importante que les autres éléments du plan", a-t-elle ajouté.
Les besoins d'Areva - dont plus de 90% du capital sont aux mains de l'Etat - s'élèvent à près de 11 milliards d'euros d'ici à 2012. Le groupe tient mardi 30 juin un conseil de surveillance à l'issue duquel il devrait détailler les solutions retenues pour répondre à ses besoins.
"Quoi qu'il arrive, l'Etat gardera une participation très significative dans le groupe. Mais s'il prend part à l'augmentation de capital, cela restera symbolique", a déclaré l'une de ces sources, précisant que des fonds souverains ou des industriels pourraient s'intéresser à l'opération.
Le Financial Times écrit vendredi que le gouvernement français envisage de vendre 15% du capital d'Areva à des partenaires stratégiques en Asie, au Moyen-Orient et ailleurs pour lever près de deux milliards d'euros et précise que le japonais Mitsubishi Heavy Industries (MHI) est l'un des partenaires probables.
"CLIENTS PRIVILÉGIÉS"
Au total, le projet d'augmentation de capital pourrait aboutir à "privatiser" 25% d'Areva, selon le Financial Times.
Une porte-parole d'Areva n'a pas souhaité commenter ces informations.
MHI a déjà noué un partenariat avec Areva pour commercialiser des réacteurs nucléaires de taille moyenne. Il a fait savoir vendredi qu'il n'avait pas reçu d'offre de la France mais qu'il examinerait la question s'il était sollicité.
Le fonds d'Abou Dhabi Mubadala Development est lui aussi cité comme un candidat potentiel et les analystes de CM-CIC Securities ont estimé dans une note publiée vendredi que la France pourrait également solliciter "des pays visés comme clients privilégiés au Moyen-Orient tels que la Jordanie, le Qatar (en échange de son gaz) et le Koweït (en échange de son pétrole et de sa position géographique au plan militaire)".
Total, qui s'est allié à Areva et GDF Suez pour proposer des réacteurs de nouvelle génération EPR à Abou Dhabi, a fait savoir ces derniers mois qu'il se satisfaisait de sa participation de 1% au capital du groupe nucléaire mais des articles de presse ont rapporté que la compagnie pétrolière pourrait envisager de l'accroître jusqu'à un niveau de 5%.
Concernant l'éventualité d'une prise de participation significative d'EDF dans Areva, une des sources a déclaré : "Personne n'envisage cette option."
AREVA T&D SUSCITE LES CONVOITISES
La présidente du directoire d'Areva, Anne Lauvergeon, avait exclu en février une cession de l'activité T&D mais l'Etat a estimé que cette activité ne faisait pas partie du coeur de métier du fabricant de réacteurs nucléaires et lui a demandé de réfléchir à une telle opération.
Areva T&D vaut près de 4 milliards d'euros, selon certains analystes.
Alstom, qui avait dû céder T&D à Areva en 2004 pour près de 900 millions d'euros à la suite d'une injonction de la Commission européenne, a d'ores et déjà indiqué qu'il pourrait envisager un rachat de cette activité si elle était mise en vente.
L'allemand Siemens a également fait part de son intérêt pour Areva T&D et le français Schneider pourrait lui aussi s'y intéresser.
La cession de participations minoritaires d'Areva dans des sociétés cotées ainsi qu'un recours à l'emprunt devraient venir compléter le schéma de financement du groupe.
A fin 2008, Areva détenait 26% d'Eramet, 11,4% de STMicroelectronics, 7% de Safran, 1,4% de Suez Environnement, 1,2% de GDF Suez et 0,3% de Total.
Les besoins financiers d'Areva, particulièrement importants dans les mines, se sont encore accrus ces derniers mois avec l'annonce de la vente au groupe par Siemens des 34% qu'il détenait dans Areva NP, leur filiale commune de réacteurs, évalués à 2 milliards d'euros à fin 2007.
La place Anne Lauvergeon, que certains observateurs disaient fragilisée par ce dossier, ne serait selon plusieurs sources pas remise en cause.
Avec la contribution d'Anna Willard, édité par Jean-Michel Bélot
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