par Benjamin Mallet et Marie Maitre

PARIS (Reuters) - Areva a annoncé mardi les modalités de son plan de financement qui incluent l'entrée de partenaires dans son capital et une mise en vente de son pôle Transmission et Distribution (T&D).

"Le conseil de surveillance d'Areva a décidé d'offrir à des partenaires stratégiques et industriels l'opportunité d'entrer à son capital, à hauteur de 15% et essentiellement par augmentation de capital", a indiqué le groupe nucléaire dans un communiqué, confirmant des informations obtenues par Reuters.

Cette augmentation du capital sera ouverte aux porteurs de certificats d'investissement (4% du capital aujourd'hui) et l'Etat (près de 91% du capital) a fait savoir qu'il resterait "très largement majoritaire" et qu'il continuerait de "jouer son rôle d'actionnaire de contrôle".

Dans le cadre de l'appel d'offres pour T&D - qu'Areva avait exclu de vendre en février avant que l'Etat ne lui demande d'envisager cette option -, le groupe "sera attentif, en plus du prix proposé, au projet industriel et social".

"Selon la qualité des marques d'intérêt (...), la décision de céder ou pas T&D et le choix d'un éventuel acquéreur seront pris avant la fin de l'année", a précisé le groupe.

Le plan arrêté mardi - qu'Areva espère mettre en oeuvre avant la fin 2009 - doit permettre de répondre à ses besoins de financement, estimés à 11 milliards d'euros d'ici à 2011.

Il comprend aussi la cession des parts d'Areva dans Eramet (26% à fin 2008) et STMicroelectronics (11,4% à fin 2008), qui "resteront en tout état de cause sous actionnariat public".

Areva n'a en revanche rien dit sur ses autres participations dans des sociétés cotées (GDF Suez, Total ou Safran), tandis que Bercy indiquait dans un communiqué que le groupe nucléaire allait "poursuivre la cession de certaines de ses participations minoritaires non stratégiques".

NOUVELLE POLITIQUE DE DIVIDENDE

Areva entend en outre engager "une nouvelle politique de dividendes" qui consistera en un taux de distribution de 25% du résultat net part du groupe, à partir des comptes 2010 et pendant trois ans - contre un taux de 42% au titre de 2008.

Le japonais Mitsubishi Heavy Industries (MHI) - qui a déjà noué un partenariat avec Areva pour commercialiser des réacteurs nucléaires de taille moyenne et la fourniture de combustible -, a fait savoir vendredi dernier qu'il n'avait pas reçu d'offre de la France concernant Areva mais qu'il examinerait la question s'il était sollicité.

Des fonds des pays du Golfe - Abou Dhabi, le Qatar et le Koweït sont cités - pourraient eux aussi s'intéresser à l'augmentation de capital du groupe.

Total, qui s'est allié à Areva et GDF Suez pour proposer des réacteurs de nouvelle génération EPR à Abou Dhabi, a indiqué ces derniers mois qu'il se satisfaisait de sa participation de 1% au capital du groupe nucléaire mais des articles de presse ont rapporté que la compagnie pétrolière pourrait envisager de l'accroître jusqu'à un niveau de 5%.

La présidente du directoire d'Areva, Anne Lauvergeon, ne s'est pas exprimée lors d'une conférence téléphonique avec les analystes sur l'identité des participants à l'augmentation de capital, indiquant simplement que les fournisseurs et clients du groupe ne faisaient pas partie des partenaires stratégiques.

Elle a en revanche précisé qu'Areva avait reçu "des offres nombreuses d'intérêt (pour T&D) d'acquéreurs potentiels ayant différents types de profils", qu'un "prix minimum" était fixé pour cette activité et qu'elle serait vendue "en un seul bloc".

BESOINS IMPORTANTS DANS LES MINES

Le pôle T&D d'Areva a représenté 38% du chiffre d'affaires du groupe en 2008 - soit 5.065 millions d'euros - et un résultat opérationnel de 560 millions. Ce pôle emploie près de 30.000 personnes et sa valeur est estimée par les analystes entre 3 et 5 milliards d'euros.

Alstom, qui avait dû céder T&D à Areva en 2004 pour 920 millions d'euros dans le cadre d'un vaste plan de désendettement du spécialiste des infrastructures d'énergie et des transports, a d'ores et déjà indiqué qu'il pourrait envisager un rachat de cette activité.

L'allemand Siemens a également fait part de son intérêt pour Areva T&D, tandis que le français Schneider et les fonds Axa Private Equity et CVC Capital sont eux aussi des candidats potentiels au rachat de cette activité.

Les besoins financiers d'Areva, particulièrement importants dans les mines, se sont encore accrus ces derniers mois avec l'annonce de la vente au groupe par Siemens des 34% qu'il détenait dans Areva NP, leur filiale commune de réacteurs, évalués à 2 milliards d'euros à fin 2007.

Edité par Cyril Altmeyer et Jean-Michel Bélot

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