Par Marie Maitre et Abdoulaye Massalatchi
PARIS/NIAMEY (Reuters) - Areva annonce la signature, dimanche soir à Niamey, d'un accord avec le Niger portant sur une augmentation d'environ 50% du prix d'achat de l'uranium produit par les mines de Cominak et Somaïr pour les deux prochaines années.
Dans un communiqué, le groupe nucléaire français ajoute avoir obtenu l'agrément du gouvernement nigérien pour lancer le projet d'exploitation du gisement d'Imouraren, dans le nord désertique du pays, et étendre son périmètre d'exploration.
"Avec un investissement prévu de plus d'un milliard d'euros, le site d'Imouraren constituera le plus grand projet industriel minier jamais envisagé au Niger, le plaçant au deuxième rang mondial avec une production de près de 5.000 tonnes d'uranium produites annuellement", affirme Areva.
Cet accord marque une normalisation des relations entre le Niger et le groupe nucléaire français qui constitue son plus gros investisseur étranger.
Ces relations s'étaient tendues l'an dernier avec la relance, en février 2007, de la rébellion armée des Touaregs du Mouvement des Nigériens pour la justice (MNJ, interdit). Ces derniers, taxés de "ramassis de bandits et de trafiquants" par le gouvernement central, réclament une plus grande autonomie et un meilleur partage des revenus tirés des ressources du sous-sol, au premier chef l'uranium.
En avril, les maquisards du MNJ avaient attaqué les installations d'Imoumaren et avaient un moment accusé Areva de soutenir l'insurrection, ce qu'avait nié le groupe français.
Le gouvernement nigérien avait interdit trois mois plus tard au représentant d'Areva à Niamey de se rendre dans ce pays en l'accusant de subventionner les déserteurs de l'armée nigérienne qui se ralliaient au MNJ.
Areva affirme avoir reçu l'assurance du gouvernement de Niamey de lancer les activités d'extraction sur le site d'Imouraren et d'étendre son champ d'exploration, confirmant ainsi sa place de principal opérateur minier au Niger pour les décennies à venir.
NEUTRALITE POLITIQUE
"Ce site va constituer le plus grand projet industriel minier jamais envisagé au Niger, le plaçant au 2e rang mondial avec une production de 8.000 tonnes par an, parmi laquelle 5.000 d'Imouraren qui permettra aussi la création de 1.400 emplois permanents", a déclaré à Niamey la PDG d'Areva après avoir été reçue par le président nigérien Mamadou Tandja, tous deux signataires de l'accord.
Anne Lauvergeon a, par ailleurs, promis qu'Areva s'abstiendrait de s'ingérer dans les affaires politiques du Niger. "Areva entend rester un acteur industriel qui ne s'immisce pas dans les affaires politiques intérieures", a-t-elle dit.
"Les faits regrettables qui se sont produits et les accusations infondées et injustes qui ont été portées à l'encontre du groupe ont détérioré un temps nos relations. Nous avons déploré cette situation (...) Areva dément tout soutien au MNJ dont nous avons été les premières victimes lors de l'attaque du site d'Imouraren en avril", a-t-elle dit.
Jusqu'à récemment, Areva a bénéficié d'un quasi-monopole de plus de 30 ans dans le secteur de l'uranium au Niger, qui a délivré des deux dernières années des permis d'exploration à des sociétés chinoises, canadiennes, britanniques et sud-africaines notamment.
Bon joueur, Anne Lauvergeon s'est réjouie de cette nouvelle concurrence.
"(...) Quant à l'attribution de nouveaux permis, nous respectons les règles définies par le nouveau code minier nigérien. Nous vivons la concurrence partout dans le monde, nous la souhaitons même car elle est saine", a-t-elle dit.
Version française Noëlle Mennella et Jean-Loup Fiévet
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