par Julien Ponthus

BRUXELLES (Reuters) - ArcelorMittal fait état d'un bond de 51% de son résultat brut d'exploitation (RBE) au deuxième trimestre, très supérieur aux attentes, le numéro un mondial de la sidérurgie ayant pu répercuter la hausse des prix des matières premières sur ses clients.

L'excédent brut d'exploitation (EBE) s'est établi à 8,05 milliards de dollars alors que les dix analystes interrogés par Reuters tablaient sur 6,75 milliards de dollars. Le numéro un mondial de la sidérurgie tablait lui-même sur un résultat brut supérieur à 6,5 milliards de dollars. Pour le troisième trimestre, il anticipe un EBE supérieur à 8,5 milliards de dollars.

"Dans les contrats que nous avons renégociés, nous sommes parvenus à d'importantes augmentations de prix et nous nous attendons à ce que cela se poursuive jusqu'à la fin de l'année et en 2009", a expliqué le directeur financier du groupe Aditya Mittal lors d'une téléconférence.

A la Bourse de Paris, l'action ArcelorMittal bondit de 8,05% à 57,59 euros, tandis que l'indice DJ Stoxx des produits de base gagne 3,45%.

"Ces nouveaux résultats records sont bien meilleurs que ce qui pouvait être attendu", commente Hermann Reith, analyste de la banque BHF. Selon lui, les experts avaient largement sous-estimé la capacité d'ArcelorMittal à augmenter ses prix.

A Paris, Cheuvreux a revu en hausse sa recommandation sur le titre, passant de "sous-performance" à "surperformance", après les perspectives 2008 positives et ces bons résultats qui, souligne le courtier, sont supérieurs de 29% au consensus.

"On va sans doute assister à plusieurs relèvements de recommandations, la dynamique des prix est bonne", estime un analyste, expliquant que le nouvel objectif de profit pour le troisième trimestre dépasse les attentes.

Oddo Securities reste à l'achat. Le broker estime que le consensus en matière d'EBE pour l'année, actuellement à 24 milliards de dollars, devra être revu en forte hausse. Il voit désormais ce résultat 2008 atteindre entre 27 et 28 milliards.

Le bénéfice net pour le deuxième trimestre ressort à 5,84 milliards de dollars, tandis que le chiffre d'affaires s'inscrit à 37,84 milliards de dollars. Les analystes interrogés par Reuters tablaient respectivement sur 3,97 milliards de dollars et 34,65 milliards de dollars.

AMÉLIORER L'AUTOSUFFISANCE MINIÈRE

"Notre puissance financière nous permet de continuer d'investir massivement dans le développement de nos activités", a déclaré Lakshmi Mittal, le PDG du groupe et principal actionnaire, dans le communiqué accompagnant les résultats.

"Nous continuons à rechercher les opportunités pour améliorer davantage encore notre autosuffisance en matières premières", a-t-il ajouté en précisant qu'ArcelorMittal prévoyait sept milliards d'investissements cette année.

ArcelorMittal, qui est trois fois plus gros que son plus proche concurrent, le japonais Nippon Steel, souhaite porter son autosuffisance dans le minerai de fer de 45% actuellement, à 75% d'ici 2012.

Il a récemment porté son autosuffisance dans le charbon de 15% à 20% après avoir acquis des mines en Russie et aux Etats-Unis cette année.

"Nous avons quelques idées d'investissement", a déclaré Aditya Mittal, le fils de Lakshmi Mittal, sans vouloir en dire plus.

Depuis sa création, en 2006, ArcelorMittal a poursuivi un développement au pas de charge, via une kyrielle d'investissements et d'acquisitions dans des économies émergentes telles que le Sénégal, l'Inde, la Russie ou la Chine ainsi que dans certains pays industrialisés.

Les analystes se demandent quelle sera la prochaine cible d'ArcelorMittal après des articles de presse ayant évoqué le possible rachat de Coal of Africa ou de l'australien Macarthur Coal.

ArcelorMittal SA, la filiale sud-africaine du groupe, a quant à elle fait part d'une hausse de 45% de son bénéfice par action au premier semestre, grâce à la conjugaison de la hausse des prix de l'acier et de la faiblesse du rand.

Dans un communiqué, le sidérurgiste dit anticiper un bénéfice "significativement" plus élevé au troisième trimestre qu'au deuxième, grâce à un maintien de la demande, même s'il prévient que son résultat pourra souffrir de la hausse des coûts et des effets de change.

Version française Nicolas Delame et Danielle Rouquié

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