par John O'Donnell

FRANCFORT (Reuters) - Le titre Commerzbank chutait de près de 9% lundi à Francfort, au lendemain de l'annonce du rachat de la Dresdner Bank auprès de l'assureur Allianz pour 9,8 milliards d'euros.

Cette opération, qui se traduira par la suppression de 9.000 emplois, recompose le paysage bancaire allemand en donnant naissance à un groupe capable de mieux concurrencer Deutsche Bank, numéro un du secteur en Allemagne.

Commerzbank a précisé que les suppressions de postes devront lui permettre d'économiser deux milliards d'euros.

Lundi, le nouveau propriétaire de Dresdner a annoncé qu'il ne s'interdirait pas de poursuivre son développement en Europe centrale et orientale, que se soit par croissance externe ou interne.

Il a en outre indiqué qu'il n'aurait pas besoin de céder sa participation de près de 10% dans le fabricant de gaz industriels Linde pour financer le rachat.

Vers 10h10 GMT, le titre Commerzbank reculait de 8,71% à 18,32 euros tandis qu'Allianz prenait 0,11% à 114,22 euros et que l'indice regroupant les valeurs bancaires européennes perdait 1,07%.

UNE BONNE CHOSE POUR L'ALLEMAGNE

Les synergies de coûts devraient quant à elles représenter 1,9 milliard d'euros, c'est à dire 850 millions pour l'activité de banque commerciale et 1,05 milliard pour celle de banque d'investissement. Les charges de restructuration devraient quant à elles s'élever à 1,25 milliard d'euros. Commerzbank vise une hausse de son bénéfice par action à partir de 2011.

S'exprimant par la voix de son porte-parole, le ministre des Finances allemand Peer Steinbrück a estimé que le rachat de Dresdner par Commerzbank était une bonne chose pour l'Allemagne, jugeant que l'opération allait renforcer l'attrait du pays en tant que centre financier.

En visite en Chine, le ministre a toutefois refusé de commenter les projets de suppressions d'emplois.

Commerzbank a précisé que son conseil avait proposé que son président Klaus-Peter Müller dirige le nouvel ensemble, tout en soulignant qu'une réduction du dividende n'était pas exclue.

L'établissement bancaire a indiqué que plus de la moitié des économies à réaliser proviendraient de Dresdner Kleinwort, la filiale de Dresdner spécialisée dans l'activité de banque d'investissement, touchée de plein fouet par la crise des "subprimes". La plupart des suppressions de postes envisagées concerneront d'ailleurs Dresdner Kleinwort.

UNE BONNE NOUVELLE POUR ALLIANCE

Cette vente va également permettre à Allianz de mettre un terme au mariage boiteux entre banquiers d'investissement et vendeurs d'assurances. Allianz avait déboursé 24 milliards d'euros, au plus fort de la bulle technologique, pour acquérir Dresdner.

"C'est une bonne nouvelle pour Allianz. Il leur a fallu sept ans pour réaliser qu'ils n'y connaissaient rien en matière de gestion de banque", commente Dirk Becker, analyste chez Landsbanki Kepler.

"Mais il s'agit d'une grosse opération. Nous verrons d'ici six mois que quelque chose cloche", a-t-il poursuivi.

Matthias Dürr, analyste à la DB, écrit dans une note de recherche qu'à "première vue, nous ne sommes pas du tout en faveur de cette transaction. L'acquisition de Dresdner est beaucoup plus onéreuse que prévu."

En rachetant la banque en 2001, Allianz avait espéré pouvoir convaincre ses assurés d'ouvrir des comptes chez Dresdner tout en vendant aux clients de cette dernière des produits d'assurance auto ou d'assurance habitation.

Mais ce scénario de bancassurance n'a jamais fonctionné et le total des pertes cumulées par Dresdner s'élève à plus de trois milliards d'euros depuis sept ans, total qui a gonflé cette dernière année après que la banque eut passé plusieurs milliards d'euros de dépréciations en raison d'investissements malheureux dans les produits structurés.

Le plus difficile pour Allianz a sans doute été de trouver un acheteur. Prédisposée aux accidents, l'activité de banque d'investissement de Dresdner n'avait rien de séduisante, d'autant qu'Allianz n'a jamais fait mystère de sa volonté de s'en séparer.

Version française Nicolas Delame

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